Roubaix: un chirurgien soupçonné de violences sur ses patients

Depuis quinze ans, un chirurgien de l'hôpital Victor-Provo, à Roubaix, tyranniserait ses collègues et ferait subir des violences à ses patients quand ils sont sous anesthésie. Si aucune plainte n'a été déposée, le praticien est sous le coup d'une enquête du conseil de l'ordre.

Ce sont des témoignages édifiants qui se sont accumulés depuis des années qui ont poussé le conseil de l'ordre des médecins et le centre national de gestion à ouvrir une enquête sur les pratiques d'un chirurgien du centre hospitalier Victor-Provo de Roubaix. Selon plusieurs témoins, le praticien s'est rendu coupable de violences sur ses collègues mais aussi sur des patients sous anesthésie.

"Le vrai problème est le comportement odieux de ce docteur incompatible avec l’activité d’un bloc opératoire", rapporte l'un des collègues du chirurgien dans une série de témoignage que s'est procurée La Voix du Nord. Le praticien aurait donné des coups de pieds aux fesses d'une infirmière dans le bloc opératoire. "Après avoir reçu un violent coup de pied du docteur dans mes tibias, j’ai pris la décision de me retirer de son secteur, au sein duquel je travaillais depuis dix-sept ans", rapporte un autre agent.

"Je me souviens de toutes ces violences physiques infligées aux patients lorsque ces derniers ne peuvent plus rester immobiles après des heures allongées sur une table d’intervention parce que le docteur téléphone des heures durant et nous laisse attendre", témoigne un autre professionnel faisant état de nombreux mauvais traitements infligés aux patients.

Des précédents

Coups, humiliations, maltraitances... Ces violences étaient principalement dirigées vers des femmes, rapporte La Voix du Nord. Et ces pratiques auraient débuté à l'arrivée du chirurgien... en 2000. "Il y a eu des précédents, une pétition dès 2003, ou encore une affaire d’agression sexuelle en 2013, explique au journal régional Jacques Adamski, délégué CGT. Mais la direction n’a jamais bougé, car c’est un professionnel qui rapporte de l’argent à l’hôpital." Aucune plainte n'a pour l'heure été déposée.

Depuis quelques semaines, la parole se libère. Jusqu'alors rien ne sortait du bloc, assure la présidente de la commission médicale du centre hospitalier de Roubaix. Une enquête administrative a été ouverte à l'encontre du praticien alors que les représentants du personnel de l'établissement réfléchissent à une plainte collective. Le chirurgien a lui été relevé de ses fonctions hiérarchiques et il lui est interdit d'opérer.

J.C.