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Police-Justice

Rixes à Rennes: pour le procureur, la "nouvelle génération a un rapport décomplexé à l'usage des armes"

Le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc, en octobre 2010 à Nantes.

Le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc, en octobre 2010 à Nantes. - Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Lors d'une prise de parole inédite devant le conseil municipal, le procureur de Rennes a fait part d'une "augmentation très significative" des règlements de compte entre bandes de jeunes dans la ville.

Deux jours après une rixe entre jeunes qui a fait plusieurs blessés dont un grave dans le centre-ville de Rennes, le procureur de la République a pris la parole devant le conseil municipal lundi soir pour revenir sur les violences observées ces derniers jours. Le magistrat a fait part de son inquiétude face à "une augmentation significative" des règlements de compte dans la ville bretonne, peu habituée à ce phénomène.

Un jeune de 14 ans blessé au thorax

Samedi vers 16 heures, une rixe place de la mairie a éclaté entre plusieurs jeunes. Un jeune homme de 18 ans a été blessé à la fesse et un autre de 16 ans au pied. Selon Ouest-France, un garçon de 17 ans s'est également présenté au CHU samedi soir pour une blessure au dos lors de cette rixe. Enfin, un autre jeune de 14 ans a été blessé par arme blanche au thorax. Il a été opéré samedi soir et "est désormais hors de danger", a fait savoir le procureur de Rennes Philippe Astruc, lors de ce discours inédit devant le conseil municipal.

Depuis, cinq personnes domiciliées à Rennes, quatre mineurs et un majeur, ont été placées en garde à vue et l’étaient toujours lundi soir. Une information judiciaire a également été ouverte "afin de déterminer les circonstances précises des faits et d'établir les responsabilités pénales des uns et des autres", a précisé le magistrat.

Les premiers éléments de l'enquête ont permis "d'établir que la rixe a concerné une quinzaine de protagonistes émanant de deux groupes."

Cet affrontement pourrait "résulter d'une rivalité de quartiers sans que le motif précis du contentieux ne soit pour l'heure clairement établi", a poursuivi le procureur.

"Ca devient invivable"

L’affaire est prise au sérieux par les autorités de la ville, qui observent une hausse des violences entre bandes de jeunes. Le procureur constate en effet une "augmentation très significative" des règlements de comptes à Rennes, avec deux en 2018, quatre en 2018 et dix en 2020.

"C'est un indicateur extrêmement important parce que, pour la population, ça marque une dégradation de la qualité de vie. Un point de deal, ce n'est déjà pas agréable, mais avoir des explications l'arme au poing en bas de chez soi, ça devient invivable", a-t-il ajouté, dénombrant une vingtaine de zones de deal dans la ville.

Pour expliquer cette hausse de la violence, le procureur a noté qu'il y a "une nouvelle génération qui a un rapport beaucoup plus décomplexé que la précédente à l'usage des armes".

"C'est quelque chose qui n'est pas rassurant (...) mais c'est une réalité et on ne peut pas se cacher derrière notre petit doigt", a-t-il ajouté, évoquant aussi en novembre la découverte d'armes de guerre dans un appartement, "ce qui est inhabituel pour Rennes".

Par E.P avec AFP