Ratés dans l'affaire Merah: ce que préconise le rapport

Plusieurs forces de l'ordre ont été mobilisées lors du siège de l'appartement de Mohammed Merah à Toulouse, le 22 mars 2012 - -
Comment éviter de nouvelles défaillances dans les affaires d'antiterrorisme ? Le rapport sur l'affaire Merah rendu public mardi n'est pas qu'un document à charge. Outre les failles des services de renseignement français qu'il épingle, il contient également des préconisations pour améliorer l'échange d'informations entre les services et offrir de nouveaux outils aux enquêteurs. Bfmtv.com fait le point.
Mieux surveiller les profils suspects
• Surveiller les voyages à l'étranger...
Leur surveillance doit être renforcée. Aujourd'hui, 31 destinations sont jugées sensibles. Mais en cas d'escale, des "cibles" peuvent échapper à la surveillance. Ce fut le cas pour Merah en août 2011, quand il est passé par Oman pour aller au Pakistan: "Rien ne dit que Mohamed Merah n'avait pas choisi un trajet direct pour éviter un contrôle approfondi" qu'aurait entraîné un vol direct vers Lahore. Une amélioration de ce dispositif doit passer par une réglementation européenne, faute de perdre la trace des candidats au jihad s'ils partent d'un autre pays européen.
Les enquêteurs insistent sur l'importance des données d'enregistrements et de réservation dans les avions, domaine dans lequel Américains et Britanniques ont un temps d'avance. Un système performant représente aussi un défi technique, puisqu'il faudra gérer des millions d'informations.
• ... et Internet
Relevant qu'"une partie de la formation et de l'endoctrinement de Merah est directement liée à la consultation" de sites islamistes radicaux, les inspecteurs appellent de leurs voeux "un cadre juridique" pour surveiller le net. "Faut-il aller plus avant en essayant de trouver une incrimination qui s'approche au plus près de l'intention terroriste individuelle?", demandent-ils également.
• Tracer l'argent
Relevant que Mohamed Merah n'avait pas de moyen de subsistance officiel mais louait appartement et voitures, le rapport préconise une "détection préventive dans le domaine financier" pour "certains profils ciblés", dans un cadre administratif.
Mieux communiquer entre services
• Partager l'information
Le cloisonnement entre services et corps est la défaillance la plus relevée. Les rapporteurs préconisent la mise en place de bureaux de liaison qui se réuniraient une fois par trimestre. Ils recommandent également de "renforcer l'échange d'informations avec l'administration pénitentiaire".
• Tenir les fiches à jour
Mohamed Merah était l'objet d'une fiche "s" de surveillance de la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) désactivée de manière "inopportune" en 2010. Si l'examen de son renouvellement sur une base annuelle n'est pas remis en cause, les inspecteurs recommandent de faire évoluer "la procédure de radiation des fiches", avec notamment des échanges entre la DCRI et ses antennes locales.
• "Diversifier" le recrutement
Le rapport recommande de "favoriser la diversification du recrutement" avec des analystes, des juristes, des psychologues qui pourraient prendre part aux "debriefings" des "cibles" de la DCRI. Autre piste, le "recours au polygraphe (détecteur de mensonges)", comme cela se fait à l'étranger.