Rapport Merah : « Plusieurs défaillances objectives »

Manuel Valls - -
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a rendu public mardi le rapport qu’il avait commandé sur les « dysfonctionnements » mis au jour par l’affaire Merah, un texte qui relève en effet « plusieurs défaillances objectives ».
Les défaillances relevées par les deux rapporteurs de l'IGPN (police des polices) « échappent à l'erreur humaine caractérisée » mais tiennent à « la conjonction d'omissions et d'erreurs d'appréciation, à des problèmes de pilotage et d'organisation des services et à des cloisonnements encore très présents entre renseignements intérieur, police judiciaire et sécurité publique », lit-on dans le rapport. Il examine notamment l'attention dont a fait l'objet Mohamed Merah, entre son apparition sur les radars du Renseignement et l'entretien qu'il aura à l'antenne toulousaine de la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) en novembre 2011. Survenu quatre mois avant ses crimes, cet entretien est décrit comme un échec par les fonctionnaires de l'IGPN.
Des pistes pour renforcer l'évaluation des risques terroristes
Ce rapport de 17 pages, remis vendredi 19 octobre au ministre, avait été confié le 30 juillet à Jérôme Leonnet et Guy Desprats, respectivement inspecteur général et contrôleur général de la police nationale. Il a été remis « aux présidents des commissions des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat ainsi qu'à la délégation parlementaire au renseignement », selon le ministère. Il avait été demandé aux rapporteurs de « conduire, dans le strict respect des procédures judiciaires, un audit portant sur le recueil et l'exploitation du renseignement, la coordination des services, l'échange de l'information et les modalités d'intervention ».
« Ce rapport comprend des pistes concrètes afin de renforcer les outils de détection, de surveillance et d'enquête, ainsi que d'évaluation des risques terroristes », ajoute l’Intérieur. Il fait ainsi certaines recommandations, tel que l'amélioration de la coordination entre les services.
Plus d'échanges entre les différents services
Selon un communiqué, le texte « prend acte des dysfonctionnements passés afin de consolider la lutte antiterroriste au service de la sécurité des Français » et « le ministre de l'Intérieur entend mettre en œuvre rapidement les adaptations nécessaires ».
« S'agissant de la DCRI, il prévoit la création d'une structure dédiée au pilotage des services territoriaux, le développement d'une structure d'audit interne, la formalisation des entretiens de prévention-dissuasion et le recours à des experts extérieurs », détaille le communiqué.
« Il préconise également le développement de bureaux de liaison entre la DCRI et les services chargés de l'information générale. Au-delà, des échanges d'information plus réguliers et plus formalisés avec l'ensemble des services de police et de gendarmerie et les services de l'administration pénitentiaire sont prévus ».
En revanche, le travail du Raid est épargné, les « choix tactiques » paraissant « cohérents » aux auteurs du rapport.
Mohamed Merah|||
Les 11, 15 et 19 mars derniers, Mohamed Merah, au nom d’Al Qaïda, avait assassiné trois parachutistes puis trois enfants et un père de famille dans une école juive de Toulouse. Il avait finalement été tué après le siège de son appartement.