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Police-Justice

Rachida Dati renvoyée en procès: le président du tribunal judiciaire de Paris dénonce "l'opprobre" jetée sur les magistrats

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Le président du tribunal judiciaire de Paris a dénoncé ce mercredi 23 juillet "l'opprobre" jetée sur les magistrats par Rachida Dati, renvoyée en procès pour "corruption" et "trafic d'influence".

Le président du tribunal judiciaire de Paris a dénoncé ce mercredi 23 juillet "l'opprobre jetée publiquement sur des magistrats" par la ministre de la Culture Rachida Dati après son renvoi en procès, aux côtés de l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, pour corruption et trafic d'influence.

"Si toute personne peut librement apporter tout élément d'explication utile à l'appui de sa défense, au titre d'une prise de parole assurant le respect de sa présomption d'innocence, l'opprobre jetée publiquement sur des magistrats soumis au devoir de réserve et ne pouvant répondre à ces attaques, jette le discrédit sur l'autorité judiciaire et sape la confiance légitime des citoyens dans la justice", a affirmé Peimane Ghaleh-Marzban dans un communiqué.

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Le président du tribunal a réagi après que l'ex-Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, elle-même magistrate de formation, a dénoncé mardi 22 juillet au soir sur LCI une "procédure émaillée d'incidents" et vilipendé des magistrats qui "marchent" sur les droits de la défense et perpétueraient des "atteintes graves" contre ces derniers.

Elle a notamment mis en cause le procureur de la République financier qui, d'après elle, l'aurait assurée en privé de son désaccord avec les charges portées contre elle lorsqu'il l'a "reçue deux heures trente dans son bureau": "J'ai vu droit dans les yeux M. (Jean-François) Bohnert qui m'a dit que son parquet dysfonctionnait".

"Il doit être rappelé que tout justiciable a la possibilité de former un recours contre une décision de justice le concernant", écrit le président du tribunal dans son communiqué.

Le procureur financier dément les accusations de Rachida Dati

Au lendemain des déclarations de Rachida Dati, le procureur financier Jean-François Bohnert a rejeté dans un communiqué les accusations le visant de la ministre de la Culture. Il a réaffirmé son "total soutien" aux magistrats du Parquet national financier qu'il dirige, "en particulier ceux en charge de cette procédure".

Le procureur financier souligne aussi que la décision de renvoi mardi de Rachida Dati et de l'ex-tout puissant patron de l'alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn a été "rendue par des magistrats instructeurs indépendants".

Contrairement à ce que déclarait Rachida Dati, le procureur a affirmé ce mercredi avoir personnellement "validé l'analyse" de ses équipes demandant en novembre le renvoi en procès de la femme politique, acté mardi par les juges d'instruction.

"Tout au long de l'information judiciaire, (Rachida Dati) a pu librement, comme tout justiciable, faire valoir ses droits et exercer toutes les voies de recours qu'elle estimait utiles", a-t-il ajouté.

Jean-François Bonhert a également tenu à rappeler que "la critique d’une décision de justice ne peut être effectuée que dans le seul cadre de l’exercice des voies de recours prévues par le code de procédure pénale".

"Nous allons faire appel"

Rachida Dati et Carlos Ghosn contestent les accusations dans ce dossier judiciaire instruit depuis 2019 à Paris et aux lourds enjeux politiques, Rachida Dati étant également une potentielle candidate à la mairie de Paris.

La ministre, âgée de 59 ans, sera jugée pour recel d'abus de pouvoir et d'abus de confiance, corruption et trafic d'influence passifs par personne investie d'un mandat électif public au sein d'une organisation internationale, le Parlement européen.

"Nous allons faire appel dès aujourd'hui de cette décision", ont déclaré à l'AFP deux des avocats de Rachida Dati, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, dont l'un des nombreux recours sur la prescription des faits qu'ils allèguent a encore été écarté mi-juillet.

Rachida Dati est soupçonnée d'avoir perçu 900.000 euros entre 2010 et 2012 pour des prestations de conseil actées dans une convention d'honoraires signée le 28 octobre 2009 avec RNBV, filiale de l'alliance Renault-Nissan, mais sans avoir réellement travaillé, alors qu'elle était avocate et députée européenne (2009-2019).

JMA avec AFP