Que sait-on de l'assaillant du commissariat parisien?

Un proche de la famille dit avoir reconnu Tarek sur cette photo. - Capture BFMTV.
Le profil de l'homme tué jeudi devant un commissariat parisien reste encore bien mystérieux ce lundi. Jeudi vers 11h30, un an jour pour jour après l'attaque contre Charlie Hebdo, l'homme est arrivé en courant vers les policiers en faction devant le commissariat de la Goutte d'Or, en brandissant un hachoir de boucher. Il n'a pas répondu aux injonctions de s'arrêter des policiers, qui ont alors ouvert le feu.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a appelé "à la plus grande prudence" concernant les informations concernant cet homme, n'étant "pas sûr" que celles données par la police allemande ce week-end soient exactes.
Un doute sur son identité
L'identification de l'homme est toujours en cours. Il pourrait s'agit d'un Tunisien nommé Tarek Belgacem, comme écrit dans sa revendication jihadiste. Selon une source proche de l'enquête, sur le texte de revendication retrouvé sur lui était écrit: "Je suis Abou Jihad Tounsi, Tarek Belgacem (Tunis)." "Plusieurs personnes de l'entourage de Tarek Belgacem, se présentant comme son cousin et ses parents, ont notamment reconnu sa photo", a déclaré une autre source proche de l'enquête.
Mis en cause dans une affaire de vol à Sainte-Maxime en 2013, ses empreintes avaient alors été prises et l'homme avait pourtant déclaré aux gendarmes s'appeler Sallah Ali. Il se présentait comme un sans domicile fixe, né en 1995 à Casablanca au Maroc. Mais, en Allemagne, il avait déposé sa demande d'asile sous le nom de Walid Salihi, selon le journal Welt am Sonntag.
L'homme a en réalité donné au moins sept identités différentes, sous lesquelles il a perpétré différents délits - trafic de drogue ou blessures -, et purgé un mois de prison. Il s'était présenté parfois comme Syrien, parfois comme Marocain, Tunisien ou Géorgien. "Il aurait séjourné dans plusieurs pays de l'Union européenne, le Luxembourg, la Suisse, l'Allemagne", a expliqué le ministre de l'Intérieur français.
Vendredi matin, le procureur de Paris François Molins s'était dit sur France Inter "pas du tout certain que l'identité qu'il a donnée soit réelle". Nous ne sommes pas sûrs de qui il est en fait", a aussi déclaré le directeur de la police judiciaire de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Uwe Jacob. Quoi qu'il en soit, aucun des deux noms Tarek Belgacem ou Sallah Ali, n'est connu des services antiterroristes.
Des indices qui pointent vers l'Allemagne
- Les enquêteurs s'intéressent également à un téléphone portable trouvé en sa possession et "doté d'une puce allemande", selon le procureur de Paris. Par ailleurs, l'homme vivait "dans un foyer de demandeurs d'asile" à Recklingshausen, ville de la Ruhr, qui a été perquisitionné samedi, a indiqué la police régionale. "Aucun indice de possibles autres attaques" n'a été trouvé, ni aucun explosif, a-t-elle assuré.
Le directeur de la police judiciaire de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Uwe Jacob, a précisé dimanche que cet homme serait venu en Allemagne pour la première fois en 2013, après être resté cinq années en France, selon l'agence allemande dpa.
Acte de terroriste ou geste d'un déséquilibré
Une profession de foi en faveur de l'organisation Etat islamique a été retrouvée sur lui le jour de l'attaque. De plus, il était connu pour ses sympathies jihadistes, selon la presse allemande. Arrivé à Recklingshausen début août et reparti en décembre, l'homme avait en outre peint un symbole de Daesh sur un mur de sa chambre, a confirmé la police.
Cette agression "illustre très bien le caractère protéiforme de la menace terroriste aujourd'hui en France", a dit le procureur de Paris. "On peut se trouver confronté à des actes très organisés avec des logistiques", a-t-il expliqué, et "à côté de ça, des gens qui vont passer à l'acte de manière isolée, soit sur fond de déséquilibre psychique, soit tout simplement parce qu'il veulent appliquer un mot d'ordre de meurtre permanent".