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Police-Justice

Quatre militaires jugés pour le meurtre d'un Ivoirien

Qui a donné l'ordre d'éliminer Firmin Mahé ?

Qui a donné l'ordre d'éliminer Firmin Mahé ? - -

Une première depuis la Guerre d'Algérie. Quatre anciens militaires sont traduits mardi devant la justice pour le meurtre en 2005 d’un jeune Ivoirien, qu'ils affirment avoir reçu l'ordre de l'éliminer.

Fait rarissime. Quatre anciens militaires français de la force Licorne en Côte d'Ivoire, dont un colonel, comparaissent mardi devant la cour d'assises de Paris pour le meurtre en 2005 de Firmin Mahé, un jeune Ivoirien. Les soldats assurent avoir reçu l'ordre de l'éliminer. Rappel des faits.

Mai 2005. En Côte d'Ivoire, les militaires français de la Force Licorne patrouillent en blindé. Le pays est alors coupé en deux par une guerre civile qui dure déjà depuis trois ans. Les soldats sont à cran. Les opérations s’avèrent difficiles.

Lors d'un accrochage, Firmin Mahé, un Ivoirien de 29 ans, est blessé à la jambe.

Il est identifié par les militaires comme un "coupeur de route", un bandit qui terrorise la région et commet des exactions. Quelques heures plus tard, il meurt dans le blindé, étouffé avec un sac plastique.

Confusion autour de l'ordre donné

Les accusés sont le colonel Eric Burgaud, chef de corps à l'époque, et les trois militaires présents dans le blindé : l'adjudant-chef Guy Raugel, qui a reconnu avoir étouffé Mahé, le brigadier-chef Johannes Schnier, qui le maintenait, et le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule.

Au début de l'enquête, le général Poncet avait été mis en examen pour complicité d'homicide volontaire, le colonel Burgaud ayant affirmé avoir reçu de lui l'ordre implicite de tuer Mahé, en l'occurrence : "Roulez doucement... vous me comprenez". Un ordre qu'il dit avoir transmis à ses hommes.

Jusqu'à trente ans de prison

Henri Poncet a démenti avoir donné cet ordre et a bénéficié d'un non-lieu.

La défense compte mettre en avant la difficulté pour les hommes de la force Licorne, déployée sous mandat de l'Onu, de remplir une mission de maintien de l'ordre sans cadre juridique.

En théorie, les quatre militaires encourent trente ans de prison pour homicide volontaire. Tous ont depuis quitté l'armée, mais aucun n'a reçu à l'époque de sanction disciplinaire.