Quand un village aide un meurtrier

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Les 180 habitants du village de Vezet (Haute-Saône), soutiennent presque tous Charles Beau lors de son procès pour le meurtre de Fréderic Badet, déficient mental, qu’il a tué de trois coups de couteaux en juillet 2008. Le meurtrier a été condamné à un an de prison et 80 000 euros de dommages et intérêts. Soulagé par le calme revenu dans leur village, les habitants aident même Charles Beau à payer ses dettes ! Il faut dire que Frédéric Badet, 35 ans et déficient mental, rendait la vie du village impossible. Vols, insultes, racket… Il avait été condamné à plusieurs reprises. « Soulagés » de sa mort, beaucoup d’habitants ont donc participé aux opérations de soutiens en faveur de Charles Beau. Lotos, ventes de nougats et de bougie, dons : en quelques mois, l’association a récolté 3000 euros - dont 1000 euros accordés sous forme de subvention par le maire du village de Vezet.
« Il débarrassé le village de quelqu’un qui était assez embêtant »
Jocelyne Rivet, la trésorière du comité de soutien vient de faire les comptes : 3000 euros ont déjà été récoltés pour aider le meurtrier à payer sa dette. « 80 000 euros à payer, ce n’est pas justifié pour avoir débarrassé le village de quelqu’un qui était assez embêtant ». La plupart des villageois sont aussi de cet avis. « Il faisait des misères à tout le monde. Il ne fallait pas laisser traîner les choses. Il avait l’œil partout », confie une des habitantes alors qu’une autre enchaîne : « Depuis son décès c’est tranquillité qui est revenue dans le village ». Quelques maisons plus loin, il y a Jacqueline Badet, indignée que le meurtrier de son fils passe pour un justicier : « Monsieur Beau est gentil, Monsieur Beau est tout... Sauf qu’il a enlevé la vie de mon fils et que les gens du village ne me proposent pas d’aide. C’est honteux ». Avec son mari elle songe de plus en plus à quitter le village.
« On ne le prend pas pour un meurtrier »
Céline Maire a participé elle-aussi en achetant des bougies. « Moralement, oui un peu. Mais on ne le prend pas pour un meurtrier. Pour moi il a purgé sa peine. C’est pour ça qu’on veut l’aider. Ça me touche. Moi aussi j’ai des enfants, monsieur Beau a un bébé… Et puis mon mari avait déjà eu quelques déboires avec Monsieur Badet. C’était la hantise du village. Les personnes âgées étaient terrorisées. Ce geste-là on le comprend aussi ».