Rabbin agressé à Orléans: le mineur condamné à 16 mois de prison ferme

Le suspect dans l'agression du rabbin d'Orléans ce 22 mars dernier a été condamné ce mercredi à 16 mois de prison ferme par le tribunal pour enfants de cette ville. 20 mois de prison avaient été requis à son encontre. "Le tribunal pour enfants a réduit la peine qui a été requise. Il n'a pas reconnu les faits de violences à caractère antisémite", a réagi Nicolas Bouteillan, l'avocat du mineur condamné.
"Avec la barrière de la langue, je ne pouvais pas m'assurer qu'il avait intégralement compris l'ampleur de ce dossier avec la médiation annexe qui s'en est suivi", selon lui.
D'après nos informations, lors de cette audience, le mineur n'a pas reconnu les faits. Le jeune homme est aussi interdit de paraître dans le Loiret pendant cinq ans et à l'interdiction d'entrer en contact avec la victime pendant trois ans.
Il avait été interpellé juste après les faits
"Ce verdict envoie un message fort : l’antisémitisme, le racisme, la haine, la violence, quelle qu’en soit la forme, n’ont pas leur place en France. Le rabbin Engelberg et sa famille saluent cette décision et se sentent soutenus", se félicite Alexandra Levy-Druon, l'avocate du rabbin d'Orléans, auprès de BFMTV.
Arié Engelberg, rabbin d'Orléans, avait été violemment agressé alors qu'il se trouvait en compagnie de son fils, âgé de neuf ans. L'homme était alors vêtu de l'habit traditionnel distinctif de sa qualité d'autorité religieuse. Un individu l'a abordé, le questionnant sur sa religion en se filmant. Le rabbin raconte que le jeune homme l'a insulté, répétant "Tous les Juifs sont des fils de pute".
Le rabbin s’est approché de son agresseur et a poussé son téléphone pour faire cesser l'enregistrement des images. Il avait alors reçu des coups au visage, avant d’être ceinturé et mordu au niveau de l’omoplate, malgré ses gestes défensifs. Ces violences physiques et verbales ont été perpétrées en présence de l’enfant. Un témoin s’est interposé et à mis un terme à l’agression, provoquant la fuite de son auteur.
L'adolescent de 16 ans avait été interpellé quelques heures après les faits, puis mis en garde à vue avant d'être placé en détention provisoire. Une enquête avait été immédiatement ouverte par le parquet d'Orléans.
Différentes versions en garde à vue
Il est jugé ce mercredi pour violences volontaires n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail supérieure à huit jours commises en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une religion. Pour cette infraction, la peine encourue est d'un an et demi de prison.
La même infraction lui est reprochée s’agissant des violences psychologiques subies par le fils du rabbin à l’occasion de cette agression, avec la circonstance aggravante de commission sur un mineur âgé de moins de 15 ans. "Il a dit qu'il n'aurait jamais eu d'altercation s'il avait constaté la présence du mineur", explique Nicolas Bouteillan, l'avocat du mineur condamné.
Lors de sa garde à vue, il a nié être à l'origine de l'altercation et a soutenu s'être défendu. Il a aussi changé de version sur sa nationalité, indiquant dans un premier temps être de nationalité palestinienne puis marocaine. L'enquête a démontré que cet adolescent est impliqué dans trois procédures judiciaires pour des faits de trafic de stupéfiants, de violences volontaires sur une personne dépositaire de l'autorité publique et vol aggravé.
Selon son avocat, il est un mineur isolé arrivé en France depuis moins d'un an sans formation particulière. Le principal intéressé a refusé de se soumettre aux relevés et prélèvements permettant d'établir son identité. Aucun élément ne permet de remettre en cause l'état de minorité qu'il a déclaré.
Présent au procès, le rabbin d'Orléans a estimé au début de l'audience que, "ce qui a provoqué l'émoi de cette agression, c'est que je me suis défendu". "Je n'ai pas baissé la tête. Je l'ai fait pour mon fils, pour moi et la communauté juive et tous les citoyens français qui refusent de baisser la tête face à la délinquance", a-t-il soutenu.