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Procès des viols de Mazan: la fille de Dominique Pelicot attaque son père et estime qu'il n'a "pas de face"

Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot et Dominique Pelicot, au tribunal d'Avignon le 18 novembre 2024

Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot et Dominique Pelicot, au tribunal d'Avignon le 18 novembre 2024 - Christophe SIMON / AFP

Gisèle Pelicot a accepté lundi 18 novembre de répondre aux éventuelles questions des avocats de la défense. Elle sera entendue par la cour criminelle du Vaucluse avant un dernier interrogatoire de son ex-mari Dominique Pelicot.

L'ESSENTIEL

  • Un accusé a été entendu ce mardi matin par la cour criminelle du Vaucluse, il s'agissait du dernier accusé à comparaître. Lire notre brève
  • Gisèle Pelicot a été entendue dans la foulée et a dénoncé un "procès de la lâcheté" estimant qu'il était temps que la société "machiste, patriarcale, change de regard" sur le viol. Lire notre article
  • Dominique Pelicot a lui aussi été interrogé avec comme moment-fort son face-à-face avec sa fille Caroline qui a exprimé sa colère face à ses dénégations sur les abus dont elle est convaincue d'avoir été victime. Voir notre vidéo

L'audience est terminée pour aujourd'hui

L'audience est terminée pour aujourd'hui. elle s'est achevée sur différentes questions posées à Dominique Pelicot interrogé sur son sentiment de "toute-puissance" et ses capacités de manipulation.

Les débats reprendront demain à 9 heures avec quatre dernières questions qui doivent être posées à l'accusé.

Les avocats des parties civiles, Me Babonneau et Me Camus, auront ensuite la parole pour leur plaidoirie. Elles doivent durer jusqu'à la fin de matinée avant une suspension de l'audience jusqu'à lundi prochain et les réquisitions.

Dominique Pelicot assume que son "fantasme" était "de soumettre une femme insoumise"

Dominique Pelicot sait qu'on attend des explications et notamment un mobile qu'il n'a jamais fourni sur ses agissements. L'accusé évoque, en pleurant sur lui-même, du viol qu'il dit avoir subi à 9 ans, et le viol auquel il a été contraint de participé à l'âge de 14 ans. "Ca a crée une fissure", dit-il.

"Je pense que cette fissure que j’ai gardé (...) se rapproche de ça, de ce que j’ai vécu à 14 ans. Le fantasme que j’ai fait revivre indélicatement se rapproche de ça."

Puis Dominique Pelicot dit avoir connu "deux dieux" dans sa vie, sa mère et Gisèle Pelicot. "Je parlais d’une sainte car elle a toujours été égale à elle-même, bienfaisante", dit-il.

"Si j’en suis arrivé à faire ce que j’ai fait par l’intermédiaire de personnes qui ont volontairement accepté ce que je proposais, c’est pour soumettre une femme insoumise. C’était mon fantasme, égoïste, sans la faire souffrir. Prenez mon mobile comme vous le voulez mais c’est comme ça."

Pour sa fille, Dominique Pelicot "mourra dans le mensonge"

Nouveau face-à-face violent entre Caroline Darian et Dominique Pelicot. L'accusé est interrogé pour la dernière fois dans ce procès. Les enfants, et surtout sa fille convaincue d'avoir été abusée par lui, lui avait demandé de dire la vérité.

"Je maintiens que je n'ai jamais touché mes enfants et petits-enfants que j'aime énormément", déclare en préambule Dominique Pelicot.

Puis Me Antoine Camus prend la parole. L'avocat de Caroline Darian, notamment, avec des mots forts, lui rappelle que c'est "la dernière opportunité d'échanger avec ses enfants". "Avec vos propos, vous la condamnez à un enfer perpétuel", assure Me Camus, évoquant les déclarations de l'accusé expliquant ne pas être sûr que c'était sa fille retrouvée sur des photos et qu'il n'était pas certain de les avoir prises.

Consentez-vous à lui fournir une explication que vous ne lui avez pas donné, sur ces photos et ce fichier 'ma fille à poil' effacé. Consentez vous apporter une réponse audible et humaine?

"Je ne cherche pas à la convaincre. Je ne me souviens pas d’avoir fait ses photos. Elle se connait mieux que moi. Si je l’avais fait, je le dirais. Je le dis droit dans les yeux, je ne l’ai jamais touchée. Je suis triste de voir certaines choses. Franchement Caroline je ne t’ai jamais rien fait..." lance Dominique Pelicot, avant d'être interrompu.

"Tu mens, tu mens, tu n'as pas le courage de dire la vérité, même concernant ton ex-femme. Tu mourras dans le mensonge. Tu es seul dans le mensonge. C’est bien dommage pour toi, tu n’as pas de face", lui rétorque Caroline Darian, rouge de colère sur sa chaise.

Dominique Pelicot mis en cause dans deux affaires anciennes

L'audience a repris avec la lecture de pièces à la demande des avocats de la défense. Le président lit notamment les procès-verbaux d'audition de Dominique Pelicot concernant deux affaires: une tentative de viol en 1999 et un meurtre précédé d'un viol en 1991. Après son interpellation pour l'affaire de Mazan, il avait été interrogé par la juge d'instruction de Nanterre en charge de ces deux cold-cases.

Dominique Pelicot a reconnu la tentative de viol, alors que son ADN a été retrouvé. Il a expliqué avoir eu une "pulsion", mais s'être arrêté. "J’ai eu un blocage, c’est pour cela que j’ai pris la fuite", a-t-il expliqué à la juge sur question de son avocate, évoquant le parallèle entre la victime et sa fille du même âge. Caroline Darian réagit vivement sur le banc des parties civiles.

Concernant les soupçons de meurtre et de viol pesant sur lui, Dominique Pelicot nie. "Il y a peut-être des ressemblances (entre les deux affaires), mais je suis étranger aux faits de meurtre", déclarait-il ce 13 octobre 2023.

"Aujourd'hui, on se rappellera de Gisèle Pelicot"

Gisèle Pelicot est interrogée depuis près d'une heure. Une avocate de la défense lui demande pourquoi garder le nom de famille Pelicot, quand ses enfants en ont changé. La septuagénaire dit avoir pensé à ses petits-enfants en prenant cette décision lors de l'ouverture du procès.

"Je veux qu’aujourd'hui ils n’aient plus la honte de porter ce nom, qu’ils soient fiers de leur grand-mère", explique Gisèle Pelicot.

La partie civile explique que son nom est "mondialement" connu. "Je n’avais pas prévu", dit-elle.

"Aujourd'hui, on se souviendra de Mme Pelicot. Je veux que mes petits-enfants n'aient pas honte. Aujourd'hui, on se rappellera de Gisèle Pelicot, il n’y aura plus de honte à porter ce nom."

Gisèle Pelicot va "devoir vivre" avec le fait que "50 personnes l'ont souillée"

Pour Gisèle Pelicot, "tous les accusés sont coupables". "Il n'y a pas un moment, où ils ont arrêté leur geste. Pas un moment, ils ont dénoncé. S’ils avaient continué, ils auraient pu avoir ma mort sur leur conscience. Ils auraient pu arrêter à tout moment. Ils sont vraiment venus assouvir leur besoin sexuel", dénonce avec colère Gisèle Pelicot.

La victime poursuit, en répondant à un autre avocat de la défense Me Lantelme tentant de faire reconnaître que chaque accusé est différent: "Pour moi ils ont tous commis le même crime, à savoir violer une femme inconsciente et ils n’ont rien dénoncé."

"Je vais devoir me reconstruire, mais je vais devoir vivre avec. Toute ma vie, je vais devoir vivre avec. Il y a 50 personnes qui m’ont souillée", conclut-elle avant une suspension.

Une avocate de la défense dénonce "l'emprise" de Gisèle Pelicot par son mari

Me Nadia El Bouroumi ne lâche pas Gisèle Pelicot qu'elle tente de faire reconnaître qu'elle est toujours sous l'emprise de son ex-mari. "Aujourd'hui encore il est tellement fort, vous arrivez à le pardonner et à lui donner des circonstances atténuantes", estime l'avocate de la défense.

"Je n’ai jamais dit que je pardonnais à M. Pelicot", se défend Gisèle Pelicot. "Il n’y a pas que les mots, il y a pleurer, le fait que vous n’arrivez pas à dire que ce Monsieur a pu faire subir à son enfant. L’emprise c’est quand on arrive à vous faire croire tout", poursuit l'avocate faisant référence à une question précédente sur les abus que la fille du couple Caroline pensent avoir subis et à laquelle Gisèle Pelicot n'a pas voulu répondre.

"Je pense qu’on n'est pas en train de faire le procès intra-familial. On fait le procès de M. Pelicot et des 50 accusés qui sont derrière moi", s'agace Gisèle Pelicot.

Gisèle Pelicot déplore que pour la défense, elle "n'est pas si victime que ça"

Me Nadia El Bouroumi interroge de manière agressive Gisèle Pelicot. Pour l'avocate de deux accusés, la partie civile est plus sévère avec les 50 co-accusés qu'avec son ex-mari Dominique Pelicot.

"Après ce qu’il vous a fait, vous n'avez pas un seul mot méchant?", lance l'avocate. "Est-ce que vous étiez là quand j’ai déposé, s'étonne Gisèle Pelicot. J’ai parlé à M. Pelicot. Je lui ai dit que j’avais été trahie."

Gisèle Pelicot poursuit affirmant "avoir regardé droit dans les yeux" les accusés qui ont reconnu. "Quand j’entend un doigt c’est pas un viol je m’interroge", s'agace-t-elle.

Me El Bouroumi affirme que Gisèle Pelicot n'était pas présente à l'audience quand Dominique Pelicot était absent, qu'elle n'a pleuré qu'une seule fois, quand l'enfance de son ex-mari a été évoquée. "C'est faux", entend-on sur les bancs de la partie civile.

"Au début, je n’étais pas si victime que ça. Vous avez dit que j’étais complice", lance Gisèle Pelicot à l'avocate.

Pour Gisèle Pelicot, ce procès est "celui de la lâcheté"

Avec force, Gisèle Pelicot prend une dernière fois la parole devant cette cour criminelle. "De tout ce que j'ai entendu à cette barre, c’est le procès de la lâcheté", dénonce fermement la partie civile.

"Je viens d’entendre le dernier co-accusé, dit-elle en préambule. J’avoue que depuis le début de ce procès, j’ai entendu énormément de choses inaudibles, inacceptables. J’en ai pris conscience. Je savais à quoi j’allais m’exposer. Je reconnais que la fatigue se fait ressentir."

"A quel moment quand vous pénétrez dans cette chambre, Mme Pelicot vous a donné son consentement", lance Gisèle Pelicot aux accusés.

J'ai entendu, j'étais téléguidé, j’étais drogué, mon cerveau n’a pas réagi. J’ai tout entendu. A quel moment je n’ai pas percuté et allé dénoncer. De tout ce que j'ai entendu à cette barre, c’est le procès de la lâcheté. Il est grand temps que la société change de regard sur cette société patriarcale et machiste et sur la question du viol."

Un dernier accusé interrogé sur sa "curieuse conception de la politesse"

Philippe L. est le dernier accusé à être interrogé dans ce procès des viols de Mazan. Il lui est reproché un viol, à savoir une pénétration digitale, le 7 juin 2018. Lui nie l'intention de viol.

"Je n'ai pas réagi comme un homme doit réagir. J’ai su que j’ai commis un viol quand j’ai eu le dénouement de cette histoire", se défend l'accusé.

Philippe L. a échangé sur le site Coco avec Dominique Pelicot. Un rendez-vous est fixé dans l'après-midi. Une fois au domicile, il visionne des vidéos de Gisèle Pelicot avec d'autres hommes. "Elle est toujours dans la même position, en chien de fusil, je ne vois que la moitié de son visage", détaille l'accusé. Une fois arrivé dans la chambre, il est informé qu'elle a pris des somnifères "pour faire plaisir à son mari".

L'homme pratique une pénétration digitale. Dominique Pelicot va ensuite imposer une relation sexuelle à sa femme. "Ca m’a inquiété, c’est un scénario bizarre, je me rhabille, je n'ai jamais vécu une situation pareille. Par politesse, je l’attends."

"Vous avez une très curieuse conception de la politesse, s'étonne Me Babonneau, l'avocat de la victime. Elle vous amène à attendre M. Pelicot mais pas de vous réfréner?" "Dans cette situation, dans mon esprit, je n’ai commis aucun fait grave", rétorque l'accusé.

"Je ne sais pas que c’est le démon, un être maléfique, C’est facile de dire après, mon cerveau a réagi sur le moment", poursuit-il.

En audition, Philippe L. a dit "comment est-ce que j'ai pu le faire?", "je n'ai pas réagi comme une homme aurait dû le faire", et "j'ai le sexe à la place du cerveau". "Et votre conclusion aujourd'hui est de dire que vous n'avez pas commis de viol", s'étonne encore l'avocat de la partie civile.

Pour l'avocate de Dominique Pelicot, il "faut" que son client "s'explique"

Me Béatrice Zavarro est revenue ce matin sur le témoignage des trois enfants du couple Pelicot la veille. "La colère des enfants hier était légitime, il est bien évident que ses enfants n’allaient pas venir et lui dire papa on t’aime", réagit l'avocate de Dominique Pelicot.

Le conseil espère désormais, "il faut maintenant qu’on sache pourquoi il a tout perdu". "Aujourd’hui c’est la dernière audience avant la clôture des débats, il faut absolument que Dominique Pelicot s’explique."

Les enfants Pelicot toujours en quête de vérité

Les trois enfants du couple Pelicot ont témoigné hier. Ils sont tous à la recherche de la vérité, à la fois sur ce qui a poussé leur père à droguer, violer et faire violer leur mère. Mais David, Caroline et Florian ont également demandé à leur père de "dire la vérité" sur les abus sexuels commis sur sa fille, dont ils sont convaincus et que Dominique Pelicot a toujours nié.

Gisèle et Dominique Pelicot vont être entendus

Gisèle Pelicot va avoir une dernière fois la parole. Hier, elle a accepté de répondre à d'éventuelles questions des avocats de la défense. C'est la troisième fois qu'elle prendra la parole devant la cour criminelle du Vaucluse.

Un dernier interrogatoire de Dominique Pelicot se tiendra ensuite. L'une des questions qui lui sera posée portera sur sa fille Caroline. Hier, ses trois enfants ont témoigné, tous convaincus qu'il a abusé de sa fille. Ce qu'il a toujours nié.

Dernier interrogatoire d'un accusé

Bonjour à toutes et à tous. L'audience au procès des viols de Mazan, à Avignon, reprend à 9 heures.

Un accusé, Philippe L., va être interrogé au début de l'audience. Il est le dernier à comparaître devant la cour criminelle du Vaucluse. Hier, les trois accusés entendus ont tous niés les faits, reconnaissant comme souvent la matérialité des faits, mais pas l'intention.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV