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Police-Justice

Procès Xynthia: l'ex-maire de La-Faute-sur-Mer dénonce "un scandale d'Etat"

L'ex-maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, le 17 octobre 2014.

L'ex-maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, le 17 octobre 2014. - Jean-Sbéastien Evrard - AFP

Condamné vendredi à quatre ans de prison pour la mort de 29 personnes lors du passage de la tempête Xynthia dans sa commune en 2010, René Marratier estime être un "bouc émissaire".  "Au final, l'Etat sort royalement blanchi du procès Xynthia", déplore l'ancien élu.

L'ex-maire de La-Faute-sur-Mer (Vendée), condamné vendredi à quatre ans de prison ferme pour la mort de 29 personnes lors du passage de la tempête Xynthia en 2010, dénonce "un scandale d'Etat", dans un entretien au Journal du dimanche dans lequel il explique pourquoi il a fait appel.

René Marratier, dont l'ex-adjointe à l'urbanisme a également écopé de deux ans ferme, estime que "manifestement, on est les lampistes".

Le Le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne est allé vendredi au-delà des réquisitions du ministère public qui avait requis le 15 octobre quatre ans de prison, dont trois ferme, à l'encontre de René Marratier, maire de la commune de 1989 à 2014 et toujours conseiller municipal.

La justice leur reprochait notamment d'avoir approuvé la construction de maisons de plain-pied, sans un premier étage, malgré le risque important de submersion d'une digue censée protéger les habitations.

"J'aurais mieux fait de ne jamais être maire"

"Tous les documents d'urbanisme ont été analysés et validés par les services de l'Etat, il y a toute une chaîne de responsabilités, mais on veut tout faire porter aux élus locaux", pointe René Marratier, qualifiant son ex-adjointe et lui-même de "boucs émissaires".

"Au final, on est condamnés, et l'Etat sort royalement blanchi du procès Xynthia. C'est un scandale d'Etat" et "cette décision est grave pour tous les maires de France", insiste l'ancien élu.

René Marratier, qui explique comprendre "la douleur" des victimes, dit ne pas pouvoir "porter les 29 morts sur (sa) conscience". "J'aurais mieux fait de ne jamais être maire", conclut-il.

Jugement "extrêmement sévère"

L'Association des maires ruraux de France (AMRF) s'est elle émue du jugement "extrêmement sévère" du tribunal correctionnel des Sables-d'Olonne condamnant pour homicide involontaire René Marratier et son ex-adjointe Françoise Babin.

L'AMRF s'est étonnée que "toute la chaîne de responsabilité - du demandeur de permis de construire aux différents acteurs du dossier - ne soit pas concernée par ce jugement". Elle a appelé l'Etat à "revoir d'urgence" sa politique de prévention et à "aider les collectivités à mieux gérer l'espace avec des moyens humains et matériels".

V.R. avec AFP