Procès Lionnet: l'accusée tente de faire passer la victime pour une "menteuse"

Sabrina Kouider a assuré que la jeune fille au pair qu'elle est accusée d'avoir tuée "mentait tout le temps". "Elle était tout le temps là avec son grand sourire, à essayer de vous convaincre", a-t-elle dit au cours de son procès à Londres.

Ouvert le 19 mars, le procès de Sabrina Kouider et de Ouissem Medouni, accusés d'avoir tué leur fille au pair Sophie Lionnet, se poursuit à Londres. Ce jeudi, la prévenue a tenté de dépeindre la jeune Française comme une "menteuse" invétérée.

Sabrina Kouider, mère de famille de 35 ans, a été longuement interrogée par Me Orlando Pownall, l'avocat de son compagnon, Ouissem Medouni. Les deux Français s'accusent mutuellement du meurtre de la jeune fille qui travaillait chez eux.

"Elle mentait tout le temps", a accusé Sabrina Kouider, répondant à l'avocat qui l'interrogeait sur des insultes ("putain", "salope") qu'elle aurait adressées à la victime de 21 ans, originaire de Troyes, souvent décrite comme une personne discrète, voire timide. "Elle était tout le temps là avec son grand sourire, à essayer de vous convaincre", a poursuivi l'accusée, vêtue d'une veste et d'un haut noir, devant la cour criminelle de l'Old Bailey.

"Elle avait tout avec moi"

Évoquant leur vie à Londres, Sabrina Kouider affirme que Sophie Lionnet inventait des prétextes ("j'ai oublié de faire les courses, j'ai perdu l'argent") pour dissimuler de soi-disant manquements dans son travail. Elle s'attribue en revanche, quant à elle, un rôle de cheffe de famille exemplaire.

"Elle avait tout avec moi. Je faisais à manger (...), le ménage, elle s'amusait, elle avait tout", a clamé l'accusée, dont les propos contrastent avec ses déclarations de la semaine dernière, lorsqu'elle avait reconnu avoir frappé "très fort" la victime avec un câble électrique.

Devant la cour, elle s'est décrite comme une "mère normale" et "généreuse". Aux questions de l'avocat, elle a répondu systématiquement sur un ton indigné, mouchoir à la main, n'hésitant pas à l'interrompre, à lui reprocher de "passer du coq à l'âne". Face à elle, debout et stylo à la main, Me Pownall a riposté en évoquant ses "larmes de crocodile" mais aussi sa propension à "divaguer", à réécrire les faits. Par exemple concernant une offre de rôle dans un film aux États-Unis que la victime avait dit avoir reçue de l'accusée.

"Elle n'avait rien d'une actrice"

Alors que Sophie Lionnet voulait partir, "vous l'avez persuadée de rester en faisant des promesses. Ne lui avez-vous pas dit que vous connaissiez un producteur?" a demandé l'avocat. "Elle n'avait rien d'une actrice", a-t-elle répondu, niant avoir formulé une telle proposition. "Elle était même complètement l'opposée" d'une actrice.

"Et vous n'avez pas dit que vous aviez décidé de l'employer comme mannequin?" a poursuivi Me Pownall. "Non", a assuré l'accusée. "Si j'avais dû engager quelqu'un, j'aurais choisi la bonne personne".

Sabrina Kouider s'était installée à Londres en 2004, travaillant comme nounou, employée à la Poste, puis dans un groupe de communications avant de vendre des crêpes, puis de tenter sa chance dans la mode. Elle est aujourd'hui dans un centre pénitentiaire destiné aux personnes souffrant de troubles mentaux.

Le cadavre calciné de Sophie Lionnet avait été retrouvé le 20 septembre 2017 dans le jardin du logement que l'accusée et son compagnon de 40 ans partageaient dans le sud-ouest londonien. Selon l'accusation, la jeune fille avait vécu un calvaire durant les vingt mois ayant précédé sa mort, passés au service du couple en endurant intimidations, cris et violences.

P.L avec AFP