Procès Barbarin: son ex-directeur de cabinet évoque "une chasse à l'homme"

Le cardinal Philippe Barbarin flanqué de ses avocats, le 7 janvier 2019 à Lyon, lors de son procès. - Jeff Pachoud - AFP
L'ex-directeur de cabinet du cardinal Philippe Barbarin, jugé ce lundi à Lyon avec l'archevêque pour "non-dénonciation d'agressions sexuelles", a assuré les victimes de sa compassion tout en évoquant une "chasse à l'homme" envers le prélat dans un texte lu à la barre.
Pierre Durieux comparaît jusqu'à mercredi avec Philippe Barbarin et quatre autres ex-membres du diocèse pour ne pas avoir dénoncé à la justice des abus sexuels présumés commis par un prêtre, le père Bernard Preynat, sur de jeunes scouts de la région lyonnaise entre 1986 et 1991.
Le parquet de Lyon a classé l'affaire sans suite en août 2016 mais des victimes ont alors cité directement les prévenus devant le tribunal, au grand dam du diocèse.
"Je pensais que la justice ayant fait son travail, la chasse à l'homme s'arrêterait", a lâché Pierre Durieux avant de faire valoir son droit au silence, renvoyant le tribunal aux explications qu'il avait données aux policiers durant l'enquête préliminaire.
"En 1991, je suis scout moi aussi, à quelques centaines de kilomètres de Lyon, j'ai 14 ans. Mon père est à cette époque magistrat à la cour d'appel, par le jeu des mutations nous aurions pu être Lyonnais; bref, j'aurais pu être un des scouts confiés au père Preynat", a reconnu ce laïc.
"Votre histoire aurait pu être la mienne"
En 2014, alors qu'il était directeur de cabinet de l'archevêque, il avait reçu un mail d'un de ces scouts évoquant les agressions dont il avait été victime - prescrites sur un plan judiciaire.
"Monsieur Hezez, je vous le dis en face, votre mail m'a particulièrement touché car votre histoire aurait pu être la mienne", a insisté le prévenu en s'adressant à l'ex-scout Alexandre Hezez, qui fait partie des neuf plaignants aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Lyon.
Pierre Durieux avait transmis ce courrier électronique au cardinal avant de répondre lui-même à l'ancien scout qui, après avoir rencontré l'archevêque en novembre 2014, avait fini par porter plainte contre le père Preynat en juin 2015, puis contre l'archevêque en février 2016.
"Le cardinal l'a invité à trouver d'autres victimes non prescrites pour dénoncer les faits à la justice (...) ce que ni lui ni son entourage n'avaient pu faire pendant trente ans", a encore déploré l'ancien directeur de cabinet. "Je n'ai rien à ajouter", a-t-il conclu après avoir lu sa déclaration.
Ce qui n'a pas empêché la présidente, Brigitte Vernay, de lui poser des questions, restées sans réponses. Pourquoi venir pour ne pas parler?, a-t-elle demandé en conclusion de cet interrogatoire sous forme de monologue. "La réponse tient peut-être dans le mot 'fidélité'", a finalement consenti à répondre Pierre Durieux.