Prisons surpeuplées: un syndicat appelle au blocage des établissements

Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint au 1er juin un nouveau record : 67.977 personnes incarcérées. - -
Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint au 1er juin un nouveau record, avec un total de 67 977 personnes incarcérées, selon les statistiques mensuelles de l'administration pénitentiaire publiées lundi. Cette tendance représente une hausse de 1,6% par rapport au mois de juin 2012 (66 915) et de 0,2% par rapport au 1er mai 2013 qui détenait le précédent record avec 67 839 personnes incarcérées. Selon le communiqué du ministère de la Justice, la capacité opérationnelle des établissements pénitentiaires est de 57 325 places.
778 mineurs, un chiffre en hausse
Parmi les détenus recensés au 1er juin de cette année, 17 195 sont des personnes prévenues, en attente de jugement, et 50 782 sont des personnes condamnées. A titre de comparaison, on dénombrait 16 756 prévenus au 1er juin 2012. L'administration pénitentiaire a également recensé 778 mineurs, un chiffre en hausse de 0,9% par rapport au mois précédent (771 au 1er mai 2013). Les mineurs représentent 1,1 % de l'ensemble des personnes incarcérées. Concernant les aménagements de peine sous écrou, elles ont progressé de 10,3 % en un an (au 1er juin 2012, ce nombre était de 12 627) et de 37,4 % en deux ans (au 1er juin 2011, ce nombre était de 10 133). Au 1er juin, les personnes bénéficiant d'un aménagement de peine (13 924) représentaient 22,1% des personnes écrouées condamnées : 1 038 personnes bénéficiaient d'une mesure de placement à l'extérieur, 2 000 d'une mesure de semi-liberté et 10 886 d'un placement sous surveillance électronique. Enfin, 673 personnes étaient placées sous surveillance électronique de fin de peine (SEFIP), soit une baisse de 0,7 % par rapport au mois précédent (678 au 1er mai 2013) et une hausse de 11,2 % en un an.
Tensions autour de l'article 57 de la loi Pénitentiaire
Face à cette situation, le syndicat surveillants UFAP appelle à un blocage des prisons dès 6h ce mardi matin. Outre le problème de surpopulation, le syndicat réclame des embauches massives et surtout, il proteste contre l’application bientôt généralisée de l’article 57 de la loi Pénitentiaire. Un article voté en novembre 2009 qui n’était pas encore appliqué partout et qui prévoit d’interdire les fouilles systématiques de détenus. Fouilles à la sortie des cellules ou des parloirs notamment qui doivent désormais ne se faire que sur suspicion justifiée et sur ordre d’un supérieur.
« On va rentrer dans une grande insécurité dans nos prisons »
Bruno Boudon est surveillant aux Baumettes à Marseille. Il est également délégué régional UFAP, syndicat de surveillants de prisons. Selon lui l’application de l’article 57 de la loi pénitentiaire est dangereux car il va favoriser l’insécurité, à la fois entre les détenus mais également envers les surveillants. « Quand on voit l’insécurité qu’il y a dans les prisons maintenant et que nous sommes en train de retirer les fouilles sur les détenus qui fabriquent des armes artisanales, qui trafiquent, qui rentrent des portables… On va rentrer dans une grande insécurité dans nos prisons. On le sait bien, les détenus fabriquent des armes : avec une fourchette, ils font un poinçon, avec un morceau de miroir ou de fenêtre qu’ils entourent d’un scotch ou d’un chiffon, ils font leur propres armes. Je peux vous dire qu’actuellement les détenus font un peu ce qu’ils veulent. Et tout cela va se développer dans toutes les prisons petit à petit si on ne peut plus faire de fouilles comme elles doivent se faire ».