Prisons en Europe: un rapport livre un constat accablant

Un détenu dans sa cellule de la prison des Baumettes, à Marseille, en décembre dernier. - -
Vingt-deux pays. C'est le nombre d'Etats en Europe où les prisons étaient surpeuplées à la fin de l'année 2012, selon un rapport annuel publié mardi par le Conseil de l'Europe, qui s'est penché sur la situation des 47 pays que compte l'organisation.
La France en fait partie: 117 détenus pour 100 places seulement. Globalement, "les prisons européennes sont pleines: la densité médiane dans les établissements pénitentiaires est de 98 détenus pour 100 places". C’est en Serbie, en Italie, à Chypre, en Hongrie et en Belgique que la situation reste la plus difficile, avec des taux allant de 132 à 160 détenus pour 100 places.
Pour le Conseil de l'Europe, la conclusion est sans appel: "Beaucoup de pays n’introduisent pas suffisamment de peines alternatives à l’emprisonnement, et recourent rarement à ces dernières comme peines de substitution à la détention provisoire", écrivent les auteurs du rapport, allant dans le sens de la réforme pénale prochainement débattue de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. La Garde des Sceaux souhaite par exemple instaurer des "peines de probation" hors les murs pour remplacer les courtes peines de prison.
Le détenu bulgare coûte 3 euros, le Français en coûte 96
Autre enseignement du rapport, les dépenses moyennes pour la détention: en 2012, un détenu coûte 103 euros par jour en moyenne. Une moyenne qui ne reflète pas l'étendue de la réalité: en Bulgarie, ce détenu coûte 3 euros par jour, tandis qu'en Suède, il coûte 620 euros. En France, ce chiffre était de 96 euros. Quant à l'âge moyen des détenus, il était de 36 ans, les femmes ne représentant que 5% du total.
Un quart des détenus purgeaient des peines de moins de 3 ans, et on comptait globalement, en 2012, trois détenus par surveillant. La proportion des personnes condamnées à de longues peines, plus de dix ans, est quant à elle restée pratiquement inchangée d'une année sur l'autre: 11,7% en 2012, contre 11,4% en 2011. Les infractions les plus courantes justifiant les détentions? Vol (20%), stupéfiants (17%), les homicides ne représentant "que" 13%.
Enfin, sur la question des suicides, le rapport a recensé en 2011 sept suicides pour 10.000 prisonniers, un pic atteignant 31,1 au Luxembourg. La France n'est pas en reste: plus de 15 détenus pour 10.000 se sont suicidés en 2011. Une triste statistique illustrée ce mardi à Valenciennes, où un homme de 31 ans a été retrouvé pendu dans sa cellule, quelques heures après sa condamnation pour violences conjugales.