Port-Royal : la mort du bébé ne serait pas due à un manque de place

L'autopsie du bébé mort-né doit avoir lieu ce mardi - -
Ce mardi doit avoir lieu l'autopsie du bébé mort-né après que sa mère a été renvoyée chez elle faute de place à la maternité Port-Royal où elle devait accoucher. Mais déjà, les premiers élèments de l'enquête semblent montrer qu'il n'y avait pas de problème d'effectifs ni un manque de place pour acceuillir la mère et son enfant. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) précise que les résultats d'une enquête approfondie sur le décès de l'enfant à la clinique Port-Royal, dans le XVe arrondissement, sont attendus pour le début du mois de mars. « De premiers éléments d'enquête montrent que les effectifs soignants, médicaux et paramédicaux étaient au complet et que la disponibilité des lits et des salles permettait de recevoir les urgences », assure l'AP-HP dans un communiqué publié lundi soir. « L'examen médical de cette patiente n'a pas conduit à la décision de la prendre en charge en urgence », ajoute-t-elle.
Trois enquêtes et une plainte
Deux enquêtes, administrative et médicale, ont été demandées par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, tandis que des investigations judiciaires ont été ordonnées par le parquet. Le mari de Deborah, dont le bébé est mort en fin de semaine dernière, a également porté plainte. Le couple a mis en cause l'établissement hospitalier et son service "débordé", qui aurait expliqué selon le couple ne pouvoir les prendre en charge faute de chambre disponible. Patrick Houssel, directeur des hôpitaux universitaires du groupe Paris Centre à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, dont dépend Port-Royal, avait déjà affirmé dimanche sur France Info que des lits étaient disponibles jeudi à la maternité. Pour comprendre "ce grave événement", une mission a été confiée au professeur Bruno Carbonne, président de la collégiale des gynécologues-obstétriciens, et à Pierre Panel, président du Cercle d'étude des gynécologues-obstétriciens de la région Ile-de-France, assistés de plusieurs médecins.
« Après l’autopsie, il y aura un permis d’inhumer »
Le bébé, un petit garçon, est-il décédé parce que l'accouchement a été retardé par la maternité ? C’est tout l’enjeu de l’autopsie qui doit être pratiquée ce mardi. Les premiers résultats devraient être connus assez rapidement pour permettre à la famille d’enterrer le corps de l’enfant comme l’a assuré sur RMC l’avocat de la famille, maître Ariel Goldman. « Forcément, cette autopsie est une épreuve. Les résultats ne seront pas connus tout de suite mais j’espère qu’on pourra, j’ai bon espoir, enterrer le bébé assez rapidement. A partir du moment où l’autopsie a été pratiquée, le parquet m’a assuré qu’il y aurait un permis d’inhumer derrière. Le temps qui passe fait se multiplier les questions. J’espère que les jours qui viendront, à défaut d’atténuer une peine qui est immense, apporteront des éléments de réponses pour comprendre la chaîne des responsabilités, s’il y en a, de ce qu’il a bien pu se passer ».
« On est admiratif de leur combativité »
Au-delà de l’autopsie, les parents, assure leur avocat, sont prêts à aller jusqu’au bout. « Il faut bien comprendre qu’ils ont déposé cette plainte au moment le plus critique, dès qu’ils ont appris cet évènement et qu’ils ont eu conscience, selon eux, qu’il y avait des responsabilités possibles dans l’enchainement des évènements. Franchement quand on imagine ce qu’ils ont eu à passer et ce qu’ils passent encore, on est admiratif de leur combativité même s’ils souffrent énormément ».
Deuxième plainte contre la maternité|||
Une deuxième femme dont le bébé est mort in utero en novembre 2011 à la maternité Port-Royal a décidé de porter plainte pour homicide involontaire après avoir pris connaissance de l'affaire qui a éclaté dimanche. Contrairement à Deborah, Yamina, 32 ans, n'avait pas été renvoyée chez elle faute de place. Mais elle entend dénoncer le "manque d'attention" accordé aux patientes, selon elle, dans cet établissement. « Ça a été très dur pour moi. Je n'avais pas eu la force jusqu'ici de le faire. Mais je me dis aujourd'hui qu'il ne faut plus laisser passer de pareilles choses », a-t-elle déclaré. Elle explique s'être rendue à la clinique au moment du terme en insistant pour qu'on lui fasse une césarienne, laquelle a été programmée quatre jours plus tard. Mais dès le lendemain, elle aurait eu des contractions et serait retournée à l'hôpital, où elle se serait aperçue que le battement du coeur du bébé devenait imperceptible. « Ils ont mis vingt-cinq minutes avant de constater que le coeur était effectivement arrêté », dit-elle.