Pétards du nouvel an : comment éviter morts et mutilations ?

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Chaque année, elles font l’actualité, en marge du réveillon de la Saint-Sylvestre : les victimes des pétards et des feux d’artifice. Cette année encore, un jeune de 20 ans a été tué dans le Haut-Rhin après « l'explosion d'un gros mortier » de pétard, en plein visage, pétard normalement interdit en France d’après Manuel Valls, ministre de l’Intérieur. A Colmar dans le Haut-Rhin, un autre jeune homme a lui aussi perdu la vie mercredi après-midi. Les pétards ont aussi fait deux blessés graves en Charente et dans le Pas-de-Calais.
De véritables petites bombes artisanales
L'Alsace est la région la plus touchée par ces accidents, et on y compte une vingtaine de mutilations d’après les services de SOS Mains. En cause : la tradition régionale, puisque le lancer de pétard est très ancré et beaucoup ramènent pour l'occasion des explosifs de l'autre côté du Rhin, en Allemagne, où la règlementation est beaucoup plus souple. Certains vont aussi jusqu’à confectionner leur pétards eux-mêmes, grâce à Internet et réalisent de véritables petites bombes artisanales, souvent dangereuses.
« Comme si une grenade vous explosait dans la main »
François Marin-Braun, chirurgien spécialiste de la main à la clinique des Diaconesses à Strasbourg et coordonnateur des centres SOS Mains de l’Est de la France, constate tous les ans des accidents de ce type. Le soir de la Saint Sylvestre, il était d’ailleurs encore en bloc opératoire. « Dans certains cas, ça s’apparente à des lésions de guerre, comme si une grenade vous explosait dans la main, ça peut aller jusqu’à une explosion complète de la main, témoigne le professeur sur RMC. Ce sont des lésions graves et la chirurgie ne peut pas restituer une main normale dans tous les cas. Ce sont des séquelles qui changent vraiment la vie sur le plan professionnel et relationnel. Parfois, la seule solution, c’est l’amputation d’un ou plusieurs doigts. Parfois les gens viennent avec des doigts non réimplantables ».
Selon le professeur, les explosifs les plus dangereux sont ceux « fabriqués d’après une formule sur Internet, mal manipulés, et qui aboutissent à des catastrophes. Je viens d’opérer encore un gamin qui a eu un traumatisme par pétard. Il se baladait dans la rue, on lui a lancé un pétard dessus, il a mis la main pour se protéger, ça lui a brulé la main et le cou ».
« Pas acceptable qu’un jeune de 20 ans perde la vie »
Adjoint au maire de Strasbourg en charge de la sécurité, Olivier Bitz est d’ailleurs « très clairement favorable à une interdiction générale » de tous les pétards. Selon l’élu, la pratique fait beaucoup trop de victimes pour être maintenue. « Nous devons revenir sur cette tradition régionale, cette culture où il est normal de faire sauter des kilos d’explosifs le soir du 31. Ce n’est pas acceptable qu’un jeune de 20 ans perde la vie, d’autant plus que ce que nous constatons au fil des années, c’est que les matériaux, les pétards, les fusées, ne sont pas toujours fiables et peuvent provoquer de plus en plus de dégâts. Je suis très clairement favorable à une interdiction générale ».