Paris: un promoteur immobilier réclame 2,7 millions d'euros après le squat d'un immeuble

Fin 2012, une soixantaine de personnes mal-logées dont une trentaine d'enfants s'étaient installés au 2, rue de Valenciennes dans le 10e arrondissement de Paris. Un immeuble vide de 2.000 m2 appartenant alors à un promoteur immobilier espagnol. A l'automne 2013, le propriétaire avait demandé l'expulsion des squatteurs, sans toutefois demander d'indemnités directement aux occupants.
Mais l'action du propriétaire espagnol s'est portée contre deux militants du collectif Jeudi Noir et l'association Droit au logement (DAL) à qui le groupe reproche d'avoir "organisé et soutenu l'occupation d'un immeuble que le propriétaire cherchait à exploiter, et qui n'était pas vacant", a déclaré Me Jacques Bouyssou, l'avocat du propriétaire.
"Un acharnement" dénoncé par le DAL
De son côté, le porte-parole du DAL, Jean-Baptiste Eyrault a dénoncé sur BFM Paris "une certaine forme d'acharnement" à l'encontre de son association et du collectif Jeudi noir. Une situation qu'ils regrettent d'autant plus que depuis 2015, le bâtiment a été vendu à la mairie de Paris pour un prix de 6,5 millions d'euros pour en faire des logements sociaux.
"Les sommes demandées peuvent mettre le DAL sur la paille", a ajouté Me Simon Foreman, avocat de l'association, en marge de l'audience. "On est face à un professionnel de l'immobilier qui prend cette affaire pour essayer de liquider le DAL et toutes ces associations qui sont là pour soutenir les personnes dans le besoin".
Peu avant l'audience, une cinquantaine de personnes s'étaient rassemblés devant le Palais de justice, scandant "un toit, c'est la loi!" ou "non à la spéculation, oui à la réquisition".
Cette audience intervient alors que la loi sur le droit au logement opposable (Dalo) fête ses dix ans. Selon le ministère du Logement, 123.596 ménages ont été relogés depuis 2008 grâce à la loi Dalo qui stipule que toute personne menacée d'expulsion et n'étant pas en situation de se reloger par elle-même peut être reconnue comme prioritaire pour l'accès à un logement social. Mais il existait mi-décembre encore 57.000 ménages en attente d'une proposition depuis un à sept ans. Le tribunal a mis son jugement en délibéré le 15 mai prochain.