Paris: la toute première avenue limitée... à 30 km/h

Pour la première fois dans la capitale, un axe majeur de circulation devient limité à 30 km/h: la mesure est effective depuis le 1er septembre sur l'avenue de Clichy, et ne fait pas l'unanimité.

Un tout nouveau couloir de bus en site propre, et une circulation en double sens, sur deux fois une voie: le lifting de l'avenue de Clichy s'accompagne d'une limitation à 30 km/h... Du jamais vu sur une grande avenue parisienne.

Avec 25.000 véhicules par jour, cet axe saturé du 17e arrondissement de la capitale sort de plusieurs mois de travaux pénibles pour le voisinage, mais indispensables aux yeux de la mairie. Selon les études menées en amont, l'avenue de Clichy est l'une des plus accidentogènes de Paris. Depuis ce 1er septembre, cet axe est donc passé en zone 30, une mesure jusqu'ici réservée aux petites rues de quartier.

Or, depuis le 1er septembre, "c'est nettement mieux, la circulation est plus fluide", affirme Philippe Limousin, président de Déclic 17/18, l'association de riverains, car avec le système à deux fois une voie, "le stationnement sauvage n'est plus possible, et une dizaine d'encoches sur les trottoirs sont dédiées aux livraisons".

"Les zones 30 reportent la circulation ailleurs"

Limiter une avenue à 30 km/h? "C'est ridicule", répond Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 Millions d'automobilistes. "Il suffit de passer à 22 heures et vous verrez. Une zone 30 n'est respectée que si elle est courte". De plus, à ses yeux, l'argument de sécurité routière ne tient pas la route: "Quand la vitesse est en cause dans un accident, c'est quelqu'un qui roulait [en ville] à 80 km/h. L'accidentalité n'est pas en hausse entre 30 et 50 km/h".

Pierre Chasseray mentionne le cas d'Angers, où le dispositif des zones 30 devrait être étendu à toute la ville d'ici à 2015: "On se met à tout passer à 30, du coup plus personne ne le respecte parce que plus personne ne le comprend. On finit par se dire 'Il est où le danger'?"

Face à l'argument d'une circulation fluidifiée, le représentant de l'association 40 Millions d'automobilistes n'en démord pas: "Bien sûr, la zone 30 repousse le trafic ailleurs. C'est ce qu'on appelle le report de circulation". Sur l'avenue de Clichy, Philippe Limousin, lui, ne veut pas écouter "les gens qui ne s'impliquent pas dans la vie de quartier", et retient ce qui lui paraît encore l'essentiel: "Ca roule mieux".

Alexandre Le Mer