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"On force les détenus à rentrer": dans la maison d'arrêt de Privas, les cellules surchargés inquiètent

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Dans la maison d'arrêt de Privas, en Ardèche, les cellules de prisons sont surchargées, ce qui perturbe le bon fonctionnement de l'établissement, également confronté à un manque d'effectif.

C'est une décision inédite. En Ardèche, la direction de la maison d'arrêt de Privas a informé vendredi 13 juin la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Lyon qu'elle n'accepterait plus de nouveaux écrous jusqu'à nouvel ordre. En cause, son taux d'occupation exceptionnellement haut: 175%.

Avec 94 détenus pour 54 places, des cellules de 10m2 normalement bâties pour deux personnes sont actuellement occupées par quatre voire cinq détenus. Des matelas ont dû être posés au sol. Mais le bâtiment, vétuste car bâti au début du XIXe siècle, arrive à saturation. 

"À quatre personnes dans une cellule, c'est le manque d'intimité", assure Mike (le prénom a été modifié) qui a été incarcéré pour trafic de stupéfiants pendant quatre mois, dans la maison d'arrêt de Privas. Dans sa cellule, Mike affirme auprès de BFMTV n'avoir qu'une toilette pour quatre et aucune eau chaude.

Du côté du personnel, le manque d'effectif se fait ressentir. En effet, seulement 19 surveillants en poste à l'heure actuelle, alors que la Maison d'arrêt de Privas a besoin de 29 agents pour un fonctionnement normal.

81.599 détenus ont été recensés depuis janvier

Un manque d'agents qui peut parfois créer des tensions avec les prisonniers. "On force les détenus à rentrer dans les cellules (...) le moindre problème prend des proportions beaucoup plus importantes que d'habitude", constate Frank, surveillant depuis 25 ans.

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Pour pallier la surcharge de la prison, la direction a décidé de ne plus accepter de détenus. "D'ici la fin de l'année, il y aura de nouveaux collègues qui vont arriver, ce qui va permettre aux agents de souffler", affirme Jérémy Moncelon, délégué syndicale FO Justice Drôme-Ardèche.

Contactées, ni la direction de l'établissement, ni la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Lyon n'ont répondu à nos sollicitations.

Depuis le début de l'année 81.599 détenus ont été recensés dans les prisons françaises, un chiffre record, jamais atteint au cours de ces dernières années.

Romain Ethuin avec Ilyana Hamiti