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"On a fait ce qu'on a pu": un policier intervenu à Dijon rejette tout laxisme des forces de l'ordre

Alexandre, policier de Dijon.

Alexandre, policier de Dijon. - BFMTV

Une équipe de BFMTV a pu rencontrer l'un des policiers intervenus vendredi soir à Dijon, au milieu des violences entre membres de la communauté tchétchène et habitants du quartier des Grésilles. Il a raconté son impuissance et celle de ses collègues.

Quatre jours d'affrontements et d'expéditions punitives, à main souvent armée, soldés par quatre interpellations lundi soir, et par une réconciliation scellée au sein d'une mosquée mercredi. La gestion par les autorités des violences de ces derniers jours entre habitants du quartier des Grésilles, à Dijon, et membres de la communauté tchétchène, a été largement critiquée. Des accusations face auxquelles le préfet de Bourgogne-Franche-Comté s'est défendu de tout laxisme. 

Alexandre, l'un des policiers intervenus vendredi soir, a lui aussi rejeté au micro de BFMTV toute idée de laxisme voire de démission des forces de l'ordre dans cette affaire. "On entend dire, quand on patrouille dans les quartiers, qu’on a rien fait. Si, on a fait ce qu’on a pu", a-t-il défendu.

150 individus armés

Pour lui, tout a commencé par une mauvaise surprise. "Vendredi soir, on est appelé pour une cinquantaine de jeunes armés de battes, de barres de fer, cagoulés et qui sont dans Dijon, se dirigent vers le centre-ville. On se rend compte une fois sur place qu’ils ne sont pas seulement 50 mais 150 voire plus", raconte-t-il. 

Le policier poursuit: "C’est impressionnant, vous avez 150 personnes, vous êtes dans le véhicule, ils sont autour de vous, vous vous dites: ‘ça va se passer comment?’ Avec tout ce qu’il se passe actuellement, on a réfléchi quand même."

Rapidement, ils obtiennent des explications sur cet attroupement. "Il y a un groupe d’individus qui vient vers nous. Ils viennent vers nous les mains levées, comme pour dire qu’ils ne sont pas hostiles. Ils nous expliquent clairement pourquoi ils sont là", raconte Alexandre. "Ils nous disent qu’ils sont Tchétchènes, qu’ils sont là parce qu’il y a eu une affaire avec un jeune qui s’est fait défoncer la tête par les individus d’un quartier de Dijon. Et de là, ils s’en vont."

"On voit des jeunes du quartier, mais ils sont apeurés!"

La soirée ne s'arrête pas là, et le récit du policier continue: "On est rappelés pour un groupe de voitures. On se rend compte qu’ils se rendent au quartier des Grésilles. On arrive, il y a des collègues qui ont gazé et hurlent au renfort à la radio." La peur, diffuse, flotte aussi dans les rues alentours. "On voit des jeunes du quartier, mais ils sont apeurés!" décrit le policier.

"Et ce qu’on voit c’est qu’ils (les Tchétchènes, NDLR) sont à la recherche de jeunes pour les tabasser, pour se venger. Et à chaque fois qu’on intervenait sur des lieux où on savait qu’il y avait une bagarre, une fois sur place, qu’on arrivait, ça se séparait. Les Tchétchènes partaient sans opposition, rien. On n’avait pas besoin de leur dire de partir, ils levaient les mains, et s’en allaient. Comme si c’était ‘voilà j’ai fait ce que j’avais à faire je m’en vais’."
Robin Verner, avec Matthias Tesson