Neuilly: une riche veuve retrouvée pendue a-t-elle été "suicidée"?

Le drame s'est déroulé dans une péniche amarrée boulevard Koenig, à Neuilly. - -
Dominique Aubry a-t-elle mis vlontairement fin à ses jours où s'agit-il d'un crime déguisé? Franck Renard Payen, 42 ans, et Olivier Eustache, 44 ans, tirés à quatre épingles, ont pris place ce mardi sur le banc des accusés. Ils comparaissent libres devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine.
Dans ce dossier "complexe et digne des meilleurs polars", selon un enquêteur, les six jurés tirés au sort, uniquement des femmes, devront trancher. Soit Dominique Aubry, dépressive depuis le décès de son mari quelques mois plus tôt, a mis volontairement fin à ses jours, soit les accusés ont maquillé le crime en suicide afin de capter son fabuleux héritage, estimé à quatorze millions d'euros.
Les faits remontent au 30 novembre 2005. Dominique Aubry, 57 ans, veuve d'un célèbre marchand d'art, dîne avec deux amis, Franck Renard Payen et Olivier Eustache, sur sa péniche amarrée à Neuilly-sur-Seine, près de Paris. Elle boit beaucoup et les deux hommes la quittent vers 21h30. On la retrouve pendue le lendemain.
Un non-lieu prononcé en 2011
Pour l'accusation, la défunte, qui avait consommé beaucoup d'alcool et des médicaments, "n'était pas dans la capacité" de mettre fin à ses jours. Pour la défense, l'envie de mourir était une obsession chez Dominique Aubry depuis la mort de son mari.
Me Eric Dupond-Moretti, avocat d'Olivier Eustache, a, dès l'ouverture des débats, commencé à batailler, demandant à la cour de convoquer l'un des premiers enquêteurs du dossier qui avait rédigé un rapport concluant au suicide. "C'est suffisamment rare que des policiers assurent qu'il n'y a pas eu crime. Nous ne pouvons pas faire l'économie de ce témoin", a insisté l'avocat.
La justice a longtemps hésité dans ce dossier. Une ordonnance de non-lieu avait été rendue en 2011, mais le parquet avait fait appel et, en 2012, la chambre de l'instruction avait décidé de renvoyer les deux hommes devant les assises.
Un chien pour assister à la reconstitution
"J'ai repris confiance avec l'ordonnance de non-lieu, mais elle a été cassée et tout est à refaire. Il va falloir se battre jusqu'au bout. C'est très long", a confié Olivier Eustache lors d'une suspension de séance.
Le juge d'instruction, fait rarissime dans les annales judiciaires, avait demandé la venue en 2008 du chien de Dominique Aubry, seul témoin au moment du décès, lors d'une reconstitution. "J'ai envisagé de faire citer ce chien, mais il n'est pas en grande forme", a ironisé Me Eric Dupond-Moretti, jugeant cette "histoire de chien aberrante".
Les jurés devaient se pencher dans l'après-midi sur la personnalité de Franck Renard Payen, désigné par la défunte comme son légataire universel deux mois avant son décès. Il était également le bénéficiaire d'une assurance-vie de près d'un million d'euros contractée par la veuve six mois avant son décès.
Le procès doit se poursuivre jusqu'au 21 mars. La cour a prévu de se déplacer sur les lieux du drame le 14 mars.