Négationnisme: le parquet fait appel de la condamnation de Vincent Reynouard

Vincent Reynouard, en 2007, lors de sa précédente condamnation. - Frederick Florin - AFP
L'ancien enseignant négationniste Vincent Reynouard a été condamné mercredi à deux ans de prison ferme pour avoir diffusé sur Internet des vidéos contestant les crimes contre l'humanité de 39-45, diffusées l'an dernier, avant le 70e anniversaire du Débarquement en Normandie. Le tribunal correctionnel de Coutances, dans la Manche, devant lequel comparaissait Vincent Reynouard, 45 ans, a doublé la peine de prison réclamée par le parquet.
Une peine jugée illégale par le parquet
Problème: la peine infligée dépasse ce que prévoit la loi. Le parquet a donc annoncé jeudi faire appel de cette condamnation. "Cette peine est illégale, elle ne correspond pas à ce qui est prévu par le code pénal", a déclaré jeudi à l'AFP le procureur, Renaud Gaudeul.
La loi limite en effet à un an et 35.000 euros d'amende la sanction maximum pour des propos ou écrits négationnistes. Selon Renaud Gaudeul, "la sur-réaction est toujours dangereuse". "C'est moi qui ai pris l'initiative des poursuites", a-t-il rappelé, estimant qu'"on ne peut (lui) reprocher de la mansuétude" vis-à-vis de tels délits.
Une autre condamnation en 2007
Vincent Reynouard avait déjà condamné à un an ferme en 2007 pour une brochure négationniste. Séduit très jeune par le nazisme, Vincent Reynouard, qui habite Saint-Lô, dans la Manche, s'est défendu sans l'aide d'un avocat.
Cet ancien professeur, radié de l'Éducation Nationale il y a une quinzaine d'années parce qu'il développait ses thèses négationnistes durant ses cours de mathématiques, a été condamné à verser en outre des dommages et intérêts à plusieurs associations, dont les plus élevés (3.500 euros) à la Licra, la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme. Son matériel informatique a été confisqué, et il devra également payer la publication du jugement dans cinq quotidiens nationaux et régionaux.
Figure du milieu néo-nazi
Bien connu des néo-nazis, en France et à l'étranger, Vincent Reynouard avait déjà été condamné à un an de prison en 2007 et 10.000 euros d'amende pour diffusion d'une brochure contestant l'Holocauste, purgeant sa peine à Valenciennes après avoir été extradé de Belgique où il s'était réfugié. Début 2014 il avait posté une vidéo de 45 minutes hébergée par un site d'extrême droite dans laquelle il s'insurgeait contre la "propagande" diffusée selon lui à l'occasion du 70e anniversaire du D-Day, et critiquait des voyages d'études de collégiens et lycéens normands dans d'anciens camps de concentration, y voyant un "embrigadement" au nom du devoir de mémoire.
"Nous sommes très satisfaits de la condamnation de ce forcené du nazisme", a réagi Christophe Collet, président de l'association Westlake Brothers Souvenir (WBS), qui promeut la mémoire des libérateurs, notamment canadiens, et qui figure dans la vidéo. Néanmoins il ne se fait pas d'illusions. "Dans quelque temps il y aura de nouvelles vidéos du même type."