Mort de trois jeunes en Haute-Loire: en quoi consiste "l'Airsoft"?

Samedi à Bas-en-Basset, alors qu'ils manipulaient des produits dangereux, trois adolescents ont perdu la vie tandis qu'un autre a été grièvement blessé. Dès dimanche, le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuy avait déclaré: "La piste principale, pour le parquet, est celle-ci: des jeunes gens qui ont été victimes d'un jeu imbécile, conseillé par des gens irresponsables".
Laurent Wauquiez, député de Haute-Loire et secrétaire général des Républicains a, pour sa part, souhaité qu'une "réflexion" s'engage sur les dangers des sites Internet consacrés à la fabrication de bombes ou de fumigènes artisanaux.
Ouverture d'une information judiciaire
"Des traces d'acide chlorhydrique et d'acétone ont été retrouvées sur les lieux, ce qui laisse à penser que les victimes étaient en train de fabriquer des fumigènes dans le cadre d'un jeu de simulation de guerre, l'Airsoft", a précisé le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuy. Théoriquement inoffensif, l'Airsoft consiste à jouer à la guerre en utilisant des répliques d'armes tirant des billes de plastique.
"Les deux produits qui ont été découverts sur zone sont des produits qui rentrent principalement dans la composition d'un mélange explosif très instable qui, de surcroît, réagit très mal à la chaleur", a-t-il expliqué à la presse. "Il y a tout lieu de craindre que ces enfants, qui jouaient avec ce mélange, aient été victimes de son instabilité", a-t-il ajouté, soulignant que la température était élevée samedi dans le hameau.
"Mieux informer les enfants, les familles"
"J'ai eu la surprise de découvrir des recettes complètes sur internet, sur des sites irresponsables de jeu de type 'Airsoft'. Ce mélange est fréquemment utilisé pour faire des fumigènes, dans un but purement ludique", a-t-il dit. Le vice-procureur a annoncé l'ouverture prochaine d'une information judiciaire.
"On ne peut laisser un drame comme ça sans en tirer des conséquences", a ajouté Laurent Wauquiez. "Ce que je voudrais en tant que législateur, c'est qu'on ouvre une réflexion sur comment sur internet mieux informer les enfants, les familles, avoir un système qui permette d'attirer l'attention sur la dangerosité de ce qui est éventuellement proposé", a-t-il insisté.
La fédération d'Airsoft se défend
De son côté, Benoit Marius, président de la Fédération française d'Airsoft (FFA), a appelé lundi matin sur France Info les adeptes à pratiquer "un Airsoft responsable". "Il arrive que l'on utilise des fumigènes dans l'activité, cela reste marginal, mais cela arrive. Par contre, on incite les joueurs à ne pas les fabriquer eux-mêmes et à jouer aux apprentis chimistes, car cela peut être très dangereux. On trouve d'ailleurs des vidéos sur Internet qui ne donnent pas forcément de bons conseils avec des produits instables comme l'acétone et l'acide chlorhydrique", ajoute-t-il. Il préconise de reporter son choix sur des produits "sans risques" vendus en magasin.
Le président de la FFA invite les parents dont les enfants veulent pratiquer l'Airsoft à se rapprocher d'une "association qui met en place tous les prérequis légaux pour pouvoir les accueillir de façon responsable". Il rappelle en outre que "la pratique est interdite aux mineurs avec des répliques d'une puissance supérieure à 0,08 joule, ce qui est très peu".