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Mort de Morgan Keane: un chasseur condamné à deux ans de prison avec sursis

Des portraits et des bougies sont exposés lors d'une marche en hommage à Morgan Keane, un an après sa mort causée par le tir d'un chasseur, le 4 décembre 2021 à Cajarc (Lot)

Des portraits et des bougies sont exposés lors d'une marche en hommage à Morgan Keane, un an après sa mort causée par le tir d'un chasseur, le 4 décembre 2021 à Cajarc (Lot) - Valentine CHAPUIS © 2019 AFP

Un chasseur et le directeur de la battue ont été condamnés à des peines de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Cahors après la mort d'un jeune homme de 25 ans dans le Lot en 2020.

Le chasseur qui a tué en 2020 Morgan Keane, un jeune Franco-Britannique, dans le Lot a été condamné ce jeudi par le tribunal correctionnel de Cahors à deux ans de prison avec sursis et une interdiction de chasser à vie. Le directeur de la battue au cours de laquelle l'accident de chasse s'était produit a lui été condamné à 18 mois de prison avec sursis et à un retrait du permis de chasse pendant 5 ans.

Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur sur la durée de la peine, mais n'a pas prononcé de prison ferme alors que le ministère public avait requis un emprisonnement de six mois.

"Le juge a choisi de conserver le quantum maximum des peines qu'ils encouraient, se satisfait Me Benoît Coussy, avocat du frère de Morgan Keane. Il y a quelque chose qui se fissure à savoir l'excuse de chasse. Ces peines vont bien au-delà de ce qui se pratique habituellement."

Le chasseur a reconnu ne pas avoir identifié sa cible

Le 2 décembre 2020, Morgan Keane, 25 ans, était en train de couper du bois sur un terrain lui appartenant, près du village de Calvignac, quand il a été atteint par une balle tirée par un chasseur qui l'avait pris pour un sanglier.

A l'audience, le 17 novembre, le chasseur de 35 ans, "désolé" de son geste, avait reconnu ne pas avoir "bien identifié la cible". Ce 2 décembre 2020, Julien F. participait à sa cinquième battue seulement. Il est en effet détenteur d'un permis de chasse depuis six mois. Venu de l'Aveyron pour "se changer les idées", son beau-frère qui lui avait proposé cette battue pour chasser le sanglier lui indique de se positionner à un endroit.

Des annonces gouvernementales

L'enquête a mis en évidence qu'il ne connaissait pas les lieux, qu'il avait été posté à un endroit mal choisi sans avoir reçu les consignes de sécurité nécessaires, et que plusieurs irrégularités avaient été relevées dans le déroulement de la battue.

L'instruction avait mis en évidence une "battue désorganisée" qui avait valu au directeur de cette battue d'être renvoyé devant le tribunal correctionnel.

"Ce qui satisfait d'autant plus les parties civiles, c'est la reconnaissance de la culpabilité du responsable de la battue, poursuit Me Coussy. Ce message va au-delà du département du Lot. Aujourd'hui, tous les directeurs de battue de tous les départements de France vont devoir prendre leur responsabilité au risque d'être poursuivis et condamnés."

La mort de Morgan Keane est devenue emblématique des difficultés de cohabitation entre les chasseurs et d'autres ruraux, souvent opposés à cette pratique. Ce jugement intervient alors que le gouvernement vient d'annoncer des mesures pour réduire les accidents de chasse avec notamment l'interdiction de chasser sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiants et un durcissement des sanctions.

J.C. avec AFP