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Police-Justice

Mort de Clément Méric : larmes et tensions à Paris

15 000 personnes se sont rassemblées un peu partout en France.

15 000 personnes se sont rassemblées un peu partout en France. - -

Des milliers de personnes se sont rassemblées jeudi soir en hommage à Clément Méric, le jeune homme tué par un groupe d’extrême-droite. Aux côtés des anonymes, les politiques ont aussi été chahutés par le mouvement antifasciste auquel appartenait le jeune homme.

Ce devait être un hommage, mais les politiques n’étaient pas les bienvenus. Jeudi soir, des milliers de personnes se sont réunies un peu partout en France à la mémoire de Clément Méric, battu à mort mercredi soir par un groupe de jeunes militants d’extrême droite. Le jeune homme, proche de la mouvance antifasciste, est décédé le lendemain. A Paris, ses amis et des anonymes se sont rassemblés place Saint-Michel, où certains ont chahuté les responsables politiques venus s’exprimer.

-> Premières réactions, témoignages, analyses, retrouvez ici toutes les informations de la journée de jeudi autour de ce drame.

-> Revivez aussi le direct de Bourdin & Co de ce vendredi matin, consacré au meutre de Clément Méric, avec Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon, Florian Philippot ou encore la spécialiste des groupes d'extrême droite Magali Balent.

Front de gauche hué, Anne Hidalgo exfiltrée

Antifasciste, anticapitaliste, antihomophobie, le jeune homme était engagé dans de nombreuses causes. Il faisait notamment partie de l’Action antifasciste Paris Banlieue, un groupe qui s’est joint, jeudi, aux différents hommages qui lui ont été rendus. A Saint Lazare, ils se sont d’abord recueillis sur les lieux du drame. En noir, brassard au poignet en signe de deuil et le poing levé, ils ont versé quelques larmes avant de se rendre place Saint-Michel, à Paris, où un rassemblement était organisé à l’initiative du Front de gauche.
Si à l’origine ils ne souhaitaient pas y participer, ils ont finalement changé d’avis et se sont invités. Après avoir bousculé le service d'ordre du Front de gauche pour déplier leur banderole en hommage à Clément, ils ont exigé de prendre la parole en premier. Les élus d'extrême-gauche sont hués, Jean-Luc Mélenchon rebrousse chemin, et la socialiste Anne Hidalgo, candidate à la mairie de Paris, est exfiltrée.

« Une agression à caractère politique »

Mohamed est l'un des membres de l'Action Antifasciste Paris-Banlieue, le groupe dont faisait partie Clément. Il en est persuadé, si Clément a été agressé, c'est pour son activisme politique. « C’est une agression à caractère politique, ce n’est pas le fruit du hasard. Ils savaient qu’ils avaient en face d’eux des militants antifascistes et ils ont clairement généré une attaque politique qui a conduit à un meurtre politique. Ce n’était pas un rassemblement politique, ce sont juste des gens qui sont allés acheter des choses, et l’un d’entre eux a fini à la morgue. Si ce n’est pas le signe d’un changement au sein de l’extrême droite qui sent que le vent politique est dans leur direction, je ne vois pas ce qu’il vous faut ».
Lui aussi membre de l'Action Antifasciste Paris-Banlieue, un autre jeune homme avait revêtu jeudi un tee-shirt noir avec en lettres rouges ce message : « Clément, à jamais l'un des nôtres ». Il ‘avait rencontré il y a quelques mois. « C’est assez difficile. C’était un ami, un camarade, quelqu’un de bien, généreux, engagé contre l’extrême droite, témoigne-t-il sur RMC. C’est pour ça qu’il est mort et c’est de ça dont on a envie de se souvenir aujourd’hui ».

« Du dégoût, de la honte »

Mais les membres du groupe dont faisait partie Clément n’étaient pas les seuls à être venus. A côté des politiques et des antifascistes, il y avait aussi des anonymes, comme Alex, venu avec des copains. « Je suis là juste par dégoût, ça me fout la haine de voir des groupuscules néonazis qui viennent buter des gamins. Du dégoût, de la honte, c’est un pays où j’ai grandi, où il y a des gens que j’aime, et quand on voit les gens brandir de tels slogans, on ne peut que être dégouté. Le mec avait deux ans de moins que moi, donc même si je ne milite pas à l’action antifasciste, je me sens concerné par ce combat, et ça aurait pu être moi ou un de mes potes. C’est aussi pour ça que je suis là ce soir ».

Mathias Chaillot avec Juliette Droz et Annabel Roger