Mort de Clément Méric : la faute au climat politique de la Manif pour tous ?

De nombreux rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de France à la mémoire de Clément Méric. Pour certains militants, le climat politique autour de la manif pour tous a libéré la violence. - -
Le climat politique qui règne en France depuis six mois est-il responsable de la mort de Clément Méric ? Le jeune homme de 18 ans, étudiant à Science Po et militant d'extrême gauche, est mort, jeudi, après une violent bagarre avec des skinheads en plein Paris, mercredi. Une autopsie doit avoir lieu ce vendredi pour déterminer les causes exactes de sa mort.
Des milliers de personnes ont manifesté un peu partout en France en hommage à ce membre du groupe "Action antifasciste Paris-banlieue" et du syndicat Solidaires. Sept personnes, dont l’auteur présumé du coup mortel, ont été interpellées. Appartenant à la mouvance de la droite la plus extrême, plusieurs sont proches du groupuscule des Jeunesses nationalistes révolutionnaires.
« La manif pour tous a accepté ces fachos »
Les ténors de tous bords ont unanimement condamné cet acte, mais la gauche va plus loin en pointant un climat politique délétère lié à la droitisation, à la banalisation de l'extrême droite et même à la Manif pour tous, quand l'UMP dénonce un amalgame.
Sur Twitter, l'homme d'affaires Pierre Bergé, ardent défenseur du mariage pour tous, a directement mis en cause la Manif pour tous: « Malgré tous ceux qui m'insultent, je le redis, la manif pour tous a accepté dans ses rangs ces fachos qui ont tué Clément. A eux de réfléchir », a-t-il écrit sur son compte. « Il est grand temps que celles et ceux qui ont récemment entretenu des discours de haine et de violence s'interrogent en conscience sur les conséquences que leurs propos peuvent avoir sur les esprits dérangés de fanatiques violents », a renchéri EELV dans un communiqué.
-> Suivez aussi le live de Bourdin & Co de ce vendredi matin, consacré au meutre de Clément Méric, avec Manuel Valls, Jean-Luc Mélenchon, Florian Philippot ou encore la spécialiste des groupes d'extrême droite Magali Balent.
« Une sorte de continuité »
D'autres personnalités politiques comme Bruno Le Roux (président du groupe PS à l'Assemblée Nationale) ou Kader Arif (ministre délégué aux Anciens combattants) ont laissé entendre qu'il y avait un lien. C’est ce que pense aussi Pierre Tartakowski, président de la Ligue des Droits de l'Homme. « Il y a évidemment une sorte de continuité. Ces derniers mois, on a entendu des propos absolument hallucinants », rappelle le militant associatif. « Certains ont dit que le sang allait couler, d’autres ont appelé à la résistance, comme aux heures les plus noires de l’occupation. Ces propos-là ne sont pas neutres. Quand on lâche les chiens, il y en a toujours un qui mord, qui saute à la gorge, et qui est ensuite abandonné par ceux qui ont lâché les chiens ».
« Un amalgame puant »
Le député UMP de la Manche Philippe Gosselin, un des orateurs de l'UMP sur le mariage homo, y voit quant à lui « un amalgame puant ». « La manif pour tous n’a jamais, de près ou de loin, cautionné quoi que ce soit », affirme-t-il. « Le 26 mai, nous étions à la manifestation, il y a un cordon sanitaire qui a été fait pour que justement, les identitaires et l’extrême droite ne soient pas mêlés aux manifestants. Il faut arrêter ces amalgames, c’est puant. Que le Parti socialiste et la gauche cessent ce petit jeu nauséabond qui ne grandit personne ».
« Assimilation honteuse »
« C’est monstrueux de dire ça », ajoute Bernard Debré, député UMP de Paris. « Les milliers et millions de personnes qui ont manifesté avec des enfants n’ont rien à voir avec ça. C’étaient des manifestations bon enfant, et malheureusement, comme dans toutes les manifestations, de droite comme de gauche, il y a des groupuscules qui viennent ternir ce climat. Cette assimilation est même honteuse pour la mémoire de ce pauvre garçon tué par ces fascistes ».