Mort de Clément Méric : 7 suspects entendus

Les enquêteurs de la PJ cherchent à déterminer les circonstances exactes de la rixe et à vérifier si le ou les auteurs des coups portés à Clément Méric ont utilisé des poings américains, comme l'a déclaré un témoin. - -
L'enquête sur la mort de Clément Méric se poursuit, sur fond de polémique politique. Sept personnes sont toujours en garde à vue ce vendredi. L'une des quatre premières personnes interpellées jeudi a été relâchée, la garde à vue des trois autres étant prolongée. Le jeune militant d'extrême gauche, âgé de 19 ans, est mort jeudi des suites d'un coup reçu la veille lors d'une bagarre avec des skinheads. Selon RTL, deux des suspects ont reconnu avoir frappé la victime. Mais un seul des deux précise que la victime est tombée à la suite de son coup de poing. Tous deux démentent avoir utilisé un poing américain, un ustensile métallique. Le dernier suspect placé en garde à vue s'est présenté de lui-même à la police judiciaire jeudi soir, comme l'avaient déjà fait trois autres membres du groupe, a-t-on précisé de source policière. Deux femmes figurent parmi eux.
Ont-ils utilisé des poings américains ?
Une autopsie doit être pratiquée vendredi sur le corps de Clément Méric. Les enquêteurs de la PJ cherchent à déterminer les circonstances exactes de la rixe et à vérifier si le ou les auteurs des coups portés à l'étudiant et militant "antifasciste" ont utilisé des poings américains, comme l'a déclaré un témoin. Les sept suspects gravitent autour du mouvement Troisième Voie dirigé par Serge Ayoub ou de son organisation pour les jeunes, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), selon la même source. Les militants d'extrême droite et d'extrême gauche se sont affrontés à la sortie d'une vente privée de vêtements de marque prisés par les deux groupes. Selon des sources policières, cinq skinheads, après un échange d'invectives dans le bâtiment, ont demandé la protection des vigiles, qui leur ont ensuite dit que les "antifascistes" étaient partis. Or, ces derniers se trouvaient à l'extérieur lorsqu'ils ont quitté la vente.
"Légitime défense" ?
La PJ s'efforce notamment de déterminer qui a déclenché la bagarre. Dans un mail révélé par Libération.fr, un militant libertaire assure que le groupe ne voulait pas en découdre et que ce sont les skinheads qui se sont jetés sur eux avec, pour certains, des poings américains.
Serge Ayoub a affirmé pour sa part sur i>Télé que les militants d'extrême droite voulaient éviter la confrontation et qu'ils ont agi en état de "légitime défense". Les suspects ont tous donné la même version des faits à savoir qu'une bagarre "généralisée et désordonnée" avait éclaté, qu'ils étaient en état de légitime défense et qu'ils n'avaient jamais eu l'intention de tuer le jeune homme.
"Couper une branche n'empêcherait pas la sève de monter"
Une grande partie de la gauche appelant à la dissolution des groupes d'ultradroite qui ont tenté d'exploiter et de perturber les manifestations contre le mariage homosexuel, le gouvernement a rappelé avoir déjà mis ce projet à l'étude. Toutefois, la dissolution de groupuscules extrémistes en France répond à des conditions juridiques précises. Sont visées les organisations qui s'apparentent à des groupes de combat ou qui incitent à la haine en fonction de la race ou de la religion. Des analystes estiment que la dissolution ne constitue pas une solution sur le long terme et que les groupes renaissent aussitôt sous une autre appellation. Dans un communiqué diffusé jeudi, Alexandre Gabriac, président des Jeunesses nationalistes, implantées dans la région lyonnaise, a prévenu qu'une interdiction ne ferait que renforcer son mouvement. "Même si vous coupiez une branche de l'arbre, vous n'empêcheriez pas la sève de monter", a-t-il écrit.