Mort d'Idriss au barrage de Couzon: un des suspects toujours recherché par Interpol, sa famille interpelle les autorités

Le 20 février, un homme de 25 ans avait été retrouvé mort noyé dans le barrage de Couzon, qui alimente en eau potable la ville de Rive-de-Gier (Loire). - Google maps
Le jeudi 20 février dernier, en fin d'après-midi, un dispositif de sécurité inhabituel est déployé au barrage de Couzon, qui alimente en eau potable la ville de Rive-de-Gier (Loire). Les sapeurs-pompiers et les policiers interviennent après avoir reçu l'appel de jeunes femmes témoins d'une rixe au cours de laquelle une personne aurait été poussée à l'eau.
Les secours découvrent, à plus de 15 mètres de profondeur, le corps d'Idriss, un jeune homme de 25 ans. "Mon frère était atteint d’un handicap", confie Camélia, sa sœur, à BFMTV.com. Idriss souffre d'une déficience intellectuelle.
"Il était gentil et naïf malheureusement. Il voyait beaucoup de monde, il disait toujours bonjour à tout le monde, il faisait sourire tout le monde. Tout le monde l'aimait, il n'avait de problème avec personne", ajoute sa soeur.
Après la découverte du corps d'Idriss dans le barrage de Couzon, une enquête pour "meurtre" est ouverte par le parquet de Saint-Étienne. Dans cette affaire, deux personnes, dont le cousin de la victime, sont placées en garde à vue puis mises en examen pour "coups mortels".
Un troisième suspect "en fuite à l'étranger"
Un troisième homme, "qui serait celui qui a poussé la victime dans le fleuve", selon Me Romain Ruiz, avocat de la famille d’Idriss, est actuellement "en fuite à l’étranger". L'homme est activement recherché par Interpol.
Âgé de 22 ans, le suspect, qui fait l'objet d’une "notice rouge" se trouverait actuellement en Algérie, selon Me Romain Ruiz.
Selon l'avocat, le jour de sa mort, Idriss a été la cible d'un "bizutage". Dans l'après-midi, le jeune homme rejoint les suspects à côté d'un magasin dans le bourg. Le petit groupe apparaît sur les images captées par les caméras de vidéosurveillance.
"Ils vont dans un premier temps le brutaliser un petit peu", rapporte Me Romain Ruiz. Selon l'avocat, l’un des suspects attrape et serre le bras d'Idriss. "Puis, ils vont lui tondre une partie du crâne. On voit très bien au rapport de l'autopsie qu'il a une partie des cheveux qui a été rasée", détaille Me Romain Ruiz.
Les images de vidéosurveillance captent la scène. "On voit très bien qu'Idriss est retenu par les membres du groupe pour ne pas qu'il s'en aille." Les minutes passent, Idriss est "mis de force dans une voiture” et le groupe part faire un tour en ville.
Sur son trajet, la voiture est arrêtée par la police municipale. "Le conducteur et le passager avant droit ne portaient pas de ceinture de sécurité", explique Me Romain Ruiz. Idriss profite de cet instant pour s'enfuir. Les trois personnes à bord de la voiture redémarrent. Ils parviennent à retrouver le jeune homme au barrage de Couzon. Idriss est assis sur le muret, les pieds dans le vide.
Des témoins présents
"Des témoins sont présents. Trois jeunes filles qui sont installées un peu plus loin vont entendre un plouf", détaille Me Romain Ruiz. Idriss est dans l'eau. Il ne sait pas nager. Selon l'avocat de la famille, les trois personnes qui l'accompagnaient "se rendent compte qu'il ne sait pas nager".
"Au début, ils rigolent sur le pont", affirme l'avocat. Puis deux d'entre eux "sautent à l'eau", détaille l'avocat. "Ils vont arriver trop tard puisqu'au moment où ils arrivent Idriss est mort".
Selon Me Romain Ruiz, les deux suspects "reviennent alors sur la berge et s'enfuient avec la troisième personne à bord de leur voiture", laissant Idriss dans les eaux glaciales du barrage. Deux d’entre eux se sont finalement rendus. Le troisième suspect, en fuite en Algérie selon l’avocat, est toujours activement recherché.
"Il y a dans ce dossier deux irresponsables", juge Me Romain Ruiz. "L'auteur en fuite, qui refuse d’assumer ses responsabilités, et le ministre de l'Intérieur, dont l'attitude vis-à-vis des autorités algériennes freine considérablement la coopération judiciaire", poursuit l'avocat. "Mes clients n’ont pas le luxe d'attendre que Bruno Retailleau ait fini sa campagne présidentielle pour que celui qui a tué leur fils soit traduit devant la justice."
Aujourd’hui, la famille attend l'interpellation de ce troisième suspect pour qu'un procès s’ouvre après la mort d'Idriss. "Il était très solaire", souligne sa sœur. "Après sa mort, on a eu un vide énorme." Sollicité, le parquet de Saint-Étienne n'avait pas répondu à notre sollicitation.