Meurtre de Maëlys: un expert psychiatre souligne l'"absence d'empathie" de Nordahl Lelandais

Représentations de Nordahl Lelandais devant la cour d'assises de Grenoble. - Benoît Peyrucq
"Nous, experts, nous avons toujours eu grande difficulté à accéder au détenu". Au douzième jour du procès consacré au meurtre de la petite Maëlys, à Pont-de-Beauvoisin en août 2017, l'expert psychiatre Paul Bensussan est revenu sur la difficulté à cerner Nordahl Lelandais au cours de l'enquête.
Un problème qui s'est encore creusé alors que l'accusé est revenu sur les aveux qu'il a faits vendredi: alors qu'il avait affirmé avoir tué et enlevé la petite fille "volontairement", il prétendait ce mardi n'avoir pas compris correctement le terme d'"enlèvement" lors de ses aveux.
"Je ne comprenais pas alors le terme d'enlèvement. De soustraire une enfant sans demander l'accord des parents. (...) Je comprends donc maintenant que c'est un enlèvement. Mais je ne l'ai pas enlevée volontairement. J'allais chercher de la cocaïne et elle voulait voir mes chiens", a-t-il soutenu.
Des arguments peu crédibles, selon l'expert psychiatre: "On l’a testé sur les capacités intellectuelles, il est dans une moyenne haute. Je pense qu’il comprend le terme".
Le revirement de Lelandais, signe de son "absence d'empathie"
Interrogé, Paul Bensussan estime que l'aveu de vendredi avait pu "susciter un espoir pour les parents de Maëlys", mais il analyse ce revirement comme le signe "de son absence d'empathie".
L'expert psychiatre déclare au cours de son audition ne pas donner beaucoup de crédit aux hallucinations qu'a évoqué Nordhal Lelandais concernant le moment où il a asséné plusieurs coups à la petite fille, dans la voiture. Ses explications n'ont, selon lui, "aucune cohérence psychiatrique".
"Tantôt il fait valoir des hallucinations visuelles, des voix… C’est de la simulation", commente-t-il.
À la barre, Paul Bensussan explique aussi que, d'après ses conclusions, le niveau de dangerosité de Nordahl Lelandais reste "très élevé" à long terme.
"Un trouble sévère de la personnalité"
Selon lui, l'accusé "est parfaitement représentatif de ce qu'on appelle une personnalité antisociale". Il "ne présente en réalité aucune maladie mentale sauf un trouble sévère de la personnalité".
Lelandais est à présent "arc-bouté dans une posture défensive dont il lui est très difficile de sortir", relève l'expert en disant espérer que cela puisse se faire à l'avenir dans l'"intimité d'un dialogue avec un psychiatre", après le procès.
"Je ne ferais pas ce métier si je ne pensais pas que quelqu'un puisse changer", conclut-il.
Pour Me Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys, Nordahl Lelandais "est capable de simuler, de manipuler son interlocuteur. Des psychiatres heureusement expérimentés ont déjoué" ses tentatives pour se présenter comme "un être atteint d'une pathologie schizophrénique. Il a essayé, ça n'a pas fonctionné", a-t-il dit.