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Police-Justice

Meurtre d'Eva à Toulouse: des drogues puissantes au coeur de l'affaire

Devant l'entrée de l'immeuble où a été retrouvé le corps d'Eva Bourseau, dans le centre de Toulouse, le 4 août 2015.

Devant l'entrée de l'immeuble où a été retrouvé le corps d'Eva Bourseau, dans le centre de Toulouse, le 4 août 2015. - AFP

Le 3 août dernier, le corps de la jeune Eva Bourseau, en partie décomposé et caché dans une malle remplie d'acide, était retrouvé dans un appartement du centre de Toulouse. Depuis, les profils des trois suspects se sont affinés.

Le crime, atroce, avait fait les gros titres de l'actualité au début du mois d'août. Lundi 3 août, le corps en partie décomposé d'Eva Bourseau, 23 ans, avait été retrouvé dans un appartement toulousain, plongé dans une malle en plastique remplie d'acide. 

Fils de bonne famille

Quelques jours seulement après la macabre découverte, trois suspects, qui faisaient partie de l'entourage direct d'Eva depuis le début de l'année, avaient été interpellés. Depuis, l'enquête a permis d'affiner le profil de ces jeunes gens, que rien ne semblait prédestiner à commettre un tel crime. 

Ainsi, Zackariya et Taha, suspectés d'être les auteurs du meurtre, âgés respectivement de 19 et 22 ans, et le commanditaire présumé, Guillaume, 23 ans, sont tous trois des fils de bonne famille, élèves dans de bonnes écoles, et aux casiers judiciaires vides, relate Le Parisien, ce lundi. Des profils inattendus, qui ont surpris les enquêteurs.

"En vingt ans d'affaires pénales, je n'ai jamais vu une telle insensibilité à l'horreur, y compris chez des criminels chevronnés", confie une source judiciaire locale au journal.

Une dette à l'origine du drame

Car la violence du crime, qui semble tourner autour d'une histoire de dette, a en effet de quoi provoquer des hauts-le-coeur. Eva et les trois meurtriers présumés fréquentaient les mêmes soirées de débauche et dealaient de la drogue ensemble. Guillaume est à la tête de ce petit trafic et se procure la drogue sur Internet. Eva, Taha et Zackariya lui achètent, pour leur propre consommation et pour la revente. 

L'objet de la discorde remonte au 18 juillet dernier. Ce jour-là, Eva achète à Guillaume pour 750 euros de cachets d'ecstasy, mais ne le paye pas tout de suite. Taha a expliqué aux enquêteurs que Guillaume lui a demandé de récupérer cet argent à tout prix. "Pour Taha, cela voulait dire: tue-la s'il le faut", explique une source proche de l'enquête. 

Frappée, puis étranglée pendant 15 minutes

Le 26 juillet, Zackariya et Taha se rendent au domicile d'Eva. La veille, celle-ci avait confié à une amie être "dans la merde" pour des histoires d'argent. La soirée commence presque "normalement": les trois jeunes boivent et consomment de la drogue, en l'occurrence de l'atropine. Puis les deux garçons repartent, avant de sentir qu'Eva "ne les a pas pris au sérieux", ont-ils expliqué aux enquêteurs. Le pire est alors à venir.

"Zack" et Taha retournent au domicile d'Eva, cette fois-ci armés et décidés à punir la jeune femme. "Taha assène les premiers coups avec un pied-de-biche. Zack prend le relais en frappant avec un poing américain. Il tape si fort qu'il casse l'objet en deux", raconte au Parisien une source proche du dossier. "Après quoi, il étrangle Eva pendant 10 à 15 minutes". 

"Je suis dans de sales histoires. Ca me fait band...", écrit Taha à un proche, quelques heures après le meurtre, ajoutant de la perversité à l'atrocité du crime.

Les deux jeunes gens entreprennent alors de faire disparaître le corps. Pour ce faire, ils achètent 13 bidons d'acide chez Casino, qu'ils vident sur le corps d'Eva, préalablement installé dans une malle. 

Parcours brillants et personnalités troublées

Pour tenter de comprendre le geste commis par les trois jeunes, à qui tout semblait pourtant sourire, leurs entourages respectifs pointent les fragilités personnelles de chacun. Selon un proche, Zack, malgré un parcours brillant, se serait ainsi "perdu dans la drogue à cause de suicides dans son entourage, et peut-être, d'une trop forte pression parentale liée aux résultats scolaires". Il serait aujourd'hui "effondré", assurent ses avocats.

Taha, d'origine marocaine, se serait "détaché de sa famille, se perdant dans un monde de drogue, de jeux vidéo et de séries télé", selon son avocat. Enfin, Guillaume, surnommé "le Chinois" en raison de ses origines vietnamiennes, adopté lorsqu'il était petit par une famille toulousaine aisée, a récemment été exclu de son école de commerce, pour manque d'assiduité. Grand consommateur de drogues, il semblait, lui aussi, déconnecté de la réalité. Un proche évoque ainsi une "perte de repères", qui pourrait être liée au confort matériel dans lequel le jeune homme a grandi. Reconnaissant l'existence d'une dette entre Eva et lui, l'intéressé se défend en tout cas d'avoir demandé à ses camarades d'aller tuer l'étudiante. 

Trois personnalités troubles, mais qui présentaient le même intérêt pour la consommation de drogues dures. Ce qui pourrait expliquer le redoutable passage à l'acte du 26 juillet. 

A.S.