Meurtre d'Agnès: "Ne donnez pas une deuxième chance à Matthieu"

Le procès se dérole à huis-clos devant la cour d'assises des mineurs de Haute-Loire, au Puy-en-Velay. - -
"Matthieu a eu une première chance et celle qui a payé c'était Agnès", a plaidé Me Szpiner ce jeudi à la sortie de la cour d'assises des mineurs de Haute-Loire, espérant que les jurés ne lui donnent "pas une deuxième chance".
L'avocat de la famille d'Agnès faisait allusion à la libération du jeune homme de 19 ans après un premier viol en août 2010 dans le Gard. C'est au cours de son contrôle judiciaire, un an plus tard, que le corps d'Agnès était retrouvé, partiellement calciné, au Chambon-sur-Lignon où les deux jeunes gens étaient scolarisés. Matthieu comparaît depuis une dizaine de jours pour ces deux affaires. Le verdict est attendu vendredi au Puy-en-Velay.
"Un dangereux pervers"
Ce jeudi, la séance, qui se déroule toujours à huis-clos, a été consacée aux plaidoiries des parties civiles. "Ce que nous avons voulu dire aux jurés et à la cour, c'est qu'ils comprennent bien qu'ils ont à juger un dangereux pervers, auteur de deux crimes qui, s'il n'avait pas été arrêté, était parti pour en commettre un troisième", a-t-il déclaré à la presse, à la sortie du Palais de justice, écartant toute circonstance atténuante.
La mère d'Agnès, Paola Marin, qui s'est dite "réconfortée" par la plaidoirie de l'avocat, a elle aussi estimé qu'on "n'est pas généreux avec la vie des autres", ajoutant: "ceux qui ont donné une deuxième chance à Matthieu ont condamné ma fille". Elle a dit attendre que la cour lui inflige "la peine maximale et qu'il n'ait pas l'excuse de minorité" (Matthieu était mineur au moment des faits), espérant "qu'il ne puisse pas sortir de prison dans 10 ans et qu'il y ait une troisième victime".
Me Valérie Devèze-Fabre, l'avocate de Julie, la première victime, s'est surtout attachée à "faire comprendre aux jurés ce qu'avait subi" sa cliente et "les dommages qui en sont résultés" pour cette jeune fille fragile.
"Ils ont mené ma petite-fille dans la tombe"
Me Szpiner a par ailleurs annoncé qu'il "engagera(it) vraisemblablement un procès contre l'État pour le dysfonctionnement de la justice". Il a notamment évoqué les failles apparues à l'audience dans le suivi psycho-judiciaire de Matthieu après le viol de Julie, un médecin ayant conclu à la non-dangerosité de l'adolescent et ayant entraîné sa libération. Évoquant le rôle des experts, la grand-mère d'Agnès a fustigé jeudi "tous ces gens irresponsables, ces soit-disant psy qui par paresse, par incompétence, ont mené ma petite-fille dans la tombe".
Ce vendredi, les réquisitions pourraient avoir lieu en public, Me Devèze-Fabre, l'avocate Julie, ayant précisé qu'elle allait demander la levée partielle du huis clos. Le verdict est attendu vendredi dans la soirée.
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