Me Metzner : « Pour sauver la Générale, on a tué le soldat Kerviel »

Jérôme Kerviel, ancien trader de la Société générale, condamné ce mardi à 3 ans de prison ferme et à rembourser près de 5 milliards d'euros à sa banque. - -
Déçu et surpris par la sévérité de la condamnation prononcée à l’encontre de son client, Jérôme Kerviel, maître Olivier Metzner va faire appel et compte « améliorer sa défense ». Il n’en démord pas : la banque connaissait les agissements de son employé.
Kerviel ne comprend pas le verdict
« Il est resté très silencieux mais dans son regard, on voyait qu’il ne comprenait pas le poids de cette sanction, où l’on fait porter sur lui l’ensemble des responsabilités de ce que l’on a appelé pour partie la crise financière, considérant qu’il avait atteint à l’ordre public économique international. Pour lui, qui connaît la vérité, la réalité d’une salle de marché, tel n’était pas le cas. L’appel a été automatique entre nous par échange de regards. Il recevait trop durement cette sanction pour pouvoir la commenter » confie Maître Metzner.
« On a tué le soldat Kerviel »
« J’ai l’impression que pour sauver la Générale, on a tué le soldat Kerviel. Pour protéger un système, on préfère que seul un homme soit responsable. Il est responsable mais il n’est pas responsable de tout. Il a été formaté, fabriqué, par la banque. C’est elle qui lui a appris le métier, qui l’a surveillé, qui l’a contrôlé, qui l’a conseillé sur des positions qu’il prenait sur des titres. La banque avait accès à l’ensemble de ses opérations par un simple clic sur un ordinateur, et a été informée 74 fois de ce qu’il dépassait les limites » insiste l'avocat.
Un échec de la défense
Olivier Metzner reconnaît l’échec de sa défense dans cette affaire : « Je vais essayer de positiver cet échec, de faire mieux la prochaine fois, pour que l’on comprenne que Kerviel n’a pas pu faire ça tout seul… Je vais améliorer ma défense ».
« La Société générale poursuivie aux Etats-Unis »
L’avocat de Jérôme Kerviel a tenu à rappeler la condamnation dont la Société générale a fait l’objet en 2008 : un blâme et une amende pour "carences graves" dans le contrôle interne lors de la fraude imputée au trader Jérôme Kerviel. Il a salué par ailleurs les Américains, qui poursuivent la banque dans la même affaire : « La Société générale est poursuivie aux Etats-Unis. Les Américains ont une conception tout à fait différente de la responsabilité de la Société générale, dont je rappelle que l’autorité bancaire française l’a condamné à 4 millions d’euros, c’est-à-dire le maximum de la peine possible. »
La Société générale ira jusqu’au bout
Enfin, Me Metzner estime que la banque réclamera son dû. « En aucun cas » la Société générale ne l’a informé qu’elle pourrait ne pas demander cette somme à Kerviel. « Personne n’est venu me dire qu’ils renonçaient à cela » confie-t-il.