Mayotte: le ministère de l'Intérieur assure que l'opération "continue" et "va s'intensifier"

Malgré la décision de justice qui suspend l'évacuation d'un bidonville prévue à Mayotte dans le cadre de l'opération "Wuambushu", celle-ci "continue", affirme le ministère de l'Intérieur.
La porte-parole du ministère Camille Chaize a reconnu mardi sur BFMTV qu'"il y a une décision de justice (...) concernant un lieu précis où il y a de l'habitat insalubre", mais a assuré que "l'opération est en cours, elle continue" et "va même encore s'intensifier" dans les prochaines semaines.
Le tribunal de Mamoudzou a suspendu l'évacuation d'un bidonville prévue mardi dans le cadre de l'opération contre la délinquance et l'habitat insalubre menée dans le département français de l'océan Indien.
Des conditions d'expulsion "irrégulières"
Initialement prévue mardi à partir de 6 heures, l'évacuation de "Talus 2", un bidonville situé à Koungou, à proximité de Mamoudzou, où vivent plus de 100 familles, a été suspendue à la dernière minute.
La justice a constaté "l'existence d'une voie de fait", tenant aux conditions d'expulsion jugées "irrégulières", notamment concernant le statut d'occupation du terrain et l'obligation de relogement, selon la décision du tribunal consultée par l'AFP. La préfecture de Mayotte a cependant annoncé faire appel de cette décision, a précisé Camille Chaize ce mardi.
Un objectif de lutte contre l'insécurité
La France prévoit de déloger des migrants en situation irrégulière des bidonvilles de Mayotte et d'expulser les sans-papiers. L'objectif de l'opération est de "lutter contre l'insécurité, contre la délinquance qui est énorme" à Mayotte, a déclaré Camille Chaize mardi.
Cette délinquance est "pour partie liée à de l'immigration clandestine mais pas seulement: il y a des Français, des Mahorais aussi qui tirent les ficelles de cette criminalité organisée", a-t-elle ajouté.
L'association Droit au logement (DAL) avait appelé dimanche à stopper cette opération "brutale" et "anti-pauvres" et le collectif "Uni-e-s contre une immigration jetable" (UCIJ-2023), qui réunit 400 associations et syndicats, a dit lundi craindre "des violences et atteintes au droit".
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a, lui, répété mardi sur Twitter que l'opération menée à Mayotte est "difficile mais extrêmement résolue", ajoutant que "ce qui met en danger la population c'est l'insalubrité, l'insécurité et la non-reconnaissance du droit de propriété".