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Police-Justice

Marseille : « Trop de policiers sont des électrons libres »

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Douze policiers ont été interpellés mardi à Marseille. Ils sont soupçonnés d’avoir racketté des dealers ou des vendeurs de cigarettes qu’ils avaient interpellés. « Des voyous qui volent des voyous », estime un ancien policier.

Douze policiers ont été placés en garde à vue mardi à Marseille. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices" a investi les locaux de la BAC (Brigade anti-criminalité) des quartiers Nord de Marseille hier matin. Quatre policiers de la BAC ont été interpellés et immédiatement placés en garde à vue. Il s'agit de quatre hommes de l'équipe de jour de la BAC, qui ne sont pas officiers de police judiciaire. Huit autres fonctionnaires de police ont été interpellés dans la soirée.

Ces policiers sont soupçonnés d'avoir prélevé des produits stupéfiants et de l'argent liquide sur des dealers et des vendeurs de cigarettes à la sauvette qu'ils avaient interpellés. Des hommes « qui se payaient sur la bête », résume le procureur de Marseille Jacques Dallest, évoquant « une pratique assez répandue au sein de ce service et depuis assez longtemps ».

« Des voyous qui volent des voyous »

L’information judiciaire avait été ouverte en février dernier après le témoignage sous X d’un ancien policier de la BAC Nord, aujourd’hui révoqué. Il avait témoigné sur RMC le 11 septembre dernier : « Ils vont dans des cités, ils rackettent des mecs, ils prennent les sacoches des jeunes qui vendent de la résine de cannabis dans les cités, avait-il raconté. Ils les ramènent dans un petit coin perdu et ils leur passent un deal "soit tu nous donnes la sacoche et tu peux repartir libre, soit on te ramène et tu vas en prison pendant un an". Dans la sacoche, de l’herbe, des plaquettes de résine de cannabis, de l’argent en liquide. Ça peut aller de 500 à 2 000 euros. C’est des voyous qui volent des voyous. Tout le monde couvre ces gens ».

Risque d'« amalgame »

Du côté du syndicat Unité Police, c’est la consternation. « Il y a une espèce de révolte contre la trahison de collègues que l’on côtoyait au quotidien, estime Diego Martinez, le secrétaire départemental du syndicat. Il y a aussi une certaine crainte vis-à-vis des populations à risque qui risquent de faire un amalgame et de voir la police sous ce mauvais jour ». Yannick Danio, délégué national du syndicat, tempère tout de même l’affaire : « Ce n’est pas parce qu’une affaire sort que toute la police est pourrie. Ça se passe dans toutes les catégories socio professionnelles de la même façon, ce qu’il y a, c’est que nous, dépositaires de l’autorité publique, on est toujours un peu plus visés, ça prouve bien que la police est une institution particulièrement surveillée, par la justice en premier lieu, par les polices des polices en second lieu, et par le système hiérarchique ».

« Ne plus sortir des clous »

Pour Philippe Vénère, ancien-commissaire divisionnaire de police judiciaire, « il y a trop de policiers qui sont des électrons libres. On a compris avec l’affaire Neyret qu’on ne devait plus sortir des clous, même pour rétribuer des indicateurs, alors recevoir une enveloppe, ce n’est pas prévu par la loi. Nombre de policiers ne sont pas fâchés de savoir qu’il y a un ministre qui va être rigoureux. 98% travaillent selon ce que veut le ministre ».