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Police-Justice

Marseille : « Les jeunes, arrêtez de tuer », implore la mère de Nabil, assassiné ce week-end

"Je dis à toutes les mamans qu’il faut sortir dans la rue", dit Bahia sur RMC.

"Je dis à toutes les mamans qu’il faut sortir dans la rue", dit Bahia sur RMC. - -

Sur RMC, Bahia, la mère de Nabil, tué ce week-end dans les quartiers nord de Marseille, lance un appel aux mamans des cités marseillaises pour « stopper le massacre ». En 18 jours, cinq jeunes ont été tués dans des règlements de comptes.

Cinq morts en 18 jours, cinq morts de trop, dus aux règlements de compte dans les quartiers nord de Marseille. Ce mercredi, ce sont les mères de famille qui appellent à l’aide. Pour se mobiliser contre la violence, elles prévoient de se joindre au rassemblement de samedi prochain à Marseille, organisé par les proches de Yacine, un jeune tué par un policier le 13 février dernier. Parmi elles, Bahiaa, la mère de Nabil, retrouvé carbonisé dans une voiture incendiée après avoir reçu plusieurs balles à proximité de la cité Font-Vert dans le 14e arrondissement. A l’origine du mouvement, elle témoigne sur RMC.

« Stop à ce massacre »

« Il faut dire à toutes les mamans qu’il faut sortir dans la rue et qu’il faut crier stop ! Stop à ce massacre, cette violence, cette souffrance. J’écoutais la radio, j’entendais "on a tué un petit à coup de kalachnikov, on a brulé un autre", mais je ne pensais jamais que ça pouvait m’arriver », témoigne-t-elle. Pour elle, ce genre de drames « peut toucher n’importe quelle famille » et la mobilisation doit être générale. « Je parle aux gens qui tuent, arrêtez de tuer, arrêtez, parlez ! Vous les tuez, ils ne peuvent pas vous rembourser. Alors je dis à toutes les mamans qu’il faut sortir dans la rue, profitons de la marche samedi pour Yacine, pour dire qu’il y en a marre qu’on tue nos enfants ».

« Mon fils n’est pas un bandit »

Nabil, son fils de 19 ans, était selon Baya totalement innocent. « Mon fils n’est pas un bandit. Oui, il a vendu deux ou trois barrettes pour se faire 10 ou 20 euros mais c’est quoi ? Il mérite de se faire tuer pour ça ? Non », affirme-t-elle, rappelant le rôle des parents : « Mes voisins m’ont dit "j’ai vu ton fils en bas dans la cité", je suis descendu avec un bâton, je me suis mise devant l’immeuble, j’ai attendu que les pseudos clients arrivent, et je leur ai dit que mon fils ne vendrait pas de shit. Ça remonte à 5 ans, je les ai fait partir comme ça, j’ai même appelé la police. Après, j’ai appelé son papa, on a fait un travail, on l’a gardé avec nous, on a essayé de le protéger. J’ai même pris, moi, l’initiative d’aller voir un juge des enfants pour dire que mon fils était en danger. Mais on a pu le récupérer ».

« Ce n’est pas chez nous qu’il faut venir chercher les kalachnikovs »

Si Manuel Valls a annoncé le renfort de 240 hommes à Marseille, Bahia estime que l’Etat ne joue pas son rôle, et encore moins la police. « On nous fait venir des camions et des camions de flics. Et qu’est-ce qu’ils font ? Ils nous arrêtent dans les ronds-points, contrôle de papier. Ce n’est pas chez nous qu’il faut venir chercher les kalachnikovs », s’emporte la mère de famille sur RMC. « En vérité, ils savent qui sont les caïds. Nous, nos enfants, c’est quoi ? Des petits perdus. Ils ont 14 ans, ils sont livrés à eux même, il n’y a pas de centres de loisirs pour les jeunes, il n’y a rien, c’est normal qu’ils finissent par tenir les murs. On fait tout notre possible pour éduquer nos enfants, mais le système ne suit pas », dit-elle, avant de rappeler que même les forces de l’ordre sont parfois impliquées dans des scandales et profiteraient de l’argent de la drogue.

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La Rédaction

Mathias Chaillot