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Police-Justice

Marseille: 18 mois après, le mystère autour de "Monsieur 13 août" reste intact

Le mystérieux, "Monsieur 13 août"

Le mystérieux, "Monsieur 13 août" - BFMTV

Cela fait 18 mois que la procureure Anne Lezer et les enquêteurs de la brigade administrative de la sûreté départementale tente de découvrir l'identité de ce "Monsieur 13 août". Un homme dont on ne sait rien, hormis qu'il a 37 ans.

Le 13 août 2017, un homme errant dans les rues de Marseille, est accueilli par l'unité d'hébergement d'urgence de la Madrague-Ville. Il n' a aucun papier d'identité sur lui et ne parle pas.

Depuis, la police tente en vain de découvrir qui il est. Sans succès, la justice vient d'annoncer qu'elle allait clore le dossier. Un dossier qui serait immédiatement ré-ouvert si de nouveaux éléments venaient à se présenter.

Ce 13 août 2017, l'unité d'hébergement d'urgence de la Madrague-Ville recueille un homme qui traîne dans les alentours. Il n'a rien d'un SDF, il est propre, joliment habillé mais personne ne parvient à savoir qui il est ni d'où il vient.

Quelques jours plus tard, à la suite d'une crise de nerfs, il est transféré à l'hôpital psychiatrique Edouard-Toulouse. C'est alors qu'on le nomme "Monsieur 13 août": un surnom qui permet de remplir ses dossiers administratifs.

Personne ne le réclame 

Quelques mois plus tard, la procureure Anne Lezer et les enquêteurs de la brigade administrative de la sûreté départementale sont chargés de l'affaire. Face à un homme amnésique et presque mutique la tâche est complexe. 

Tout échappe aux enquêteurs: quelle est la nationalité de l'homme du 13 août? Quel âge a-t-il? Est-il ou a-t-il été marié? C'est toute une vie qu'ils doivent reconstituer et pour se faire, ils lancent alors un appel à témoins et font appel à la presse et aux réseaux sociaux. La presse locale, dont La Provence qui a révélé l'affaire, s'empare de l'histoire. Les médias nationaux puis internationaux ne tardent pas à suivre. Mais rien. Personne ne fait signe, personne ne revendique un lien de parenté avec cet homme, personne ne le reconnaît.

A un moment, une fausse piste, amène la justice à penser qu'il serait peut-être Philippins. Un seul homme a répondu à l'appel à témoin, un officier de la marine marchande, il croit reconnaître un marin philippin. L'ambassadeur des Philippines fera même le déplacement pour tenter de l'identifier en compagnie d'un aumônier, une façon de le rassurer. Pour la première fois, il prononce quelques mots, en anglais, mais n'est pas Philippin.

Fausse piste donc, mais la procureure pense pouvoir se saisir de l'opportunité, de ces quelques mots prononcés. A La Provence, elle disait "on va y retourner avec un psy, un interprète, un planisphère et des drapeaux qui peut-être le feront réagir. Croyez-moi, les enquêteurs font tout ce qui est possible et imaginable."

Le mystère est intact

Chose dite, chose faite: les enquêteurs étudient toutes les pistes possibles mais elles sont loin d'être nombreuses. Dix-huit mois après, l'homme est toujours à l'hôpital. Les médecins qui pensent désormais que son état de santé résulterait d'une "affection de naissance qui handicape son langage" plutôt que d'une amnésie, disent constater de nombreux progrès.

"Monsieur 13 août" serait plus détendu, plus à l'aise et d'après le docteur Pierre Morcellet, chef du pôle centre-ville de l'institution psychiatrique, "il progresse chaque jours" même s'il a besoin d'aide "dans la majorité des gestes essentiels de la vie courante". Avant "le monde extérieur" lui faisait peur, aujourd'hui, "il dessine, il jardine" et participe même "à des sorties de groupe". 

Pourtant, rien n'y fait, le doute demeure toujours quant à l'identité de l'individu. Les enquêteurs n'ont qu'une seule certitude: il aurait 37 ans. Une estimation de l'âge de "Monsieur 13 août" obtenue grâce à un examen osseux.

Sans éléments supplémentaires, et faute de découvertes, la procureure a pris la décision de clore le dossier. Mais avant de le mettre de le côté -et de le ré-ouvrir si nouveaux éléments il y avait- elle va créer une nouvelle identité pour "Monsieur 13 août".

Celui qui s'appellera bientôt Hippolyte Trézout pourra ainsi bénéficier d'une allocation d'adulte handicapé et rejoindre un foyer d'accueil médicalisé ou, peut-être, une famille qui offrirait de l'accueillir. 

Aude Solente