Manifestant blessé par une grenade: le policier s'est senti menacé

Une audition attendue. Le policier, identifié comme étant l'auteur du lancer d'une grenade de désencerclement qui aurait blessé grièvement un jeune homme de 28 ans le 26 mai dernier lors d'une manifestation contre la loi Travail, est entendu mercredi matin par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Policier depuis 15 ans, le brigadier-chef a livré sa version des faits, déjà transmise à sa hiérarchie dans un rapport.
"Il est très perturbé par les poursuites dont il fait l’objet, a confié son avocat à la sortie de l'audition. C’est un policier qui a conscience d’avoir fait quelque chose d’important, d’avoir fait quelque chose de légitime et d’autoriser et qui a donc des difficultés à subir la pression."
Ce 26 mai, Cour de Vincennes à Paris, la manifestation contre la loi Travail s'achève. Un jeune homme vient d'être interpellé pour des jets de projectiles sur les forces de l'ordre. Les quelques agents présents sont rapidement pris à partie par une "centaine de manifestants" qui réclament la libération du jeune homme. Les policiers vont alors se réfugier dans la cour d'un immeuble. protégés par une seule grille, ils appellent des collègues en renfort.
Tensions et jets de projectiles
Selon cet appel à l'aide, la pression est de plus en plus forte de l'autre côté de la grille. Le brigadier-chef capte cette demande de renfort et arrive avec cinq autre agents. Ils tentent de rejoindre leurs collègues mais, selon le témoignage du policier, ils sont pris eux-aussi à partie par la poignée de protestataires. Sentant le danger, il aurait alors décidé de faire usage d'une grenade à main de désencerclement pour disperser la foule.
"Le lancer de grenade était justifié et nécessaire. Il était proportionné et nécessaire puisque les policiers étaient pris à partie", insiste Me Laurent-Franck Liénard, l'avocat du policier, appelant à la prudence tant que le lien entre la grenade et les blessures n'a pas été formellement été établi.
Après avoir lancé la grenade, ses hommes arrivent à rejoindre les autres policiers. Le brigadier-chef reconnaît avoir vu un homme à terre avec une plaie saignante au niveau du cuir chevelu. La victime, Romain D., était allongée sur le trottoir mais était consciente, assure-t-il. Expliquant ne pas pouvoir déterminer si la blessure avait été causée par la grenade ou par un projectile lancé par un manifestant.
"Il ne voit rien lorsqu’il lance sa grenade, précise Me Liénard. Il voit que la foule se disperse et qu’il peut se sortir de la situation dans laquelle il est."
Version contredite
Cette version est largement contre-dite par plusieurs témoins et par des vidéos. D'après plusieurs scènes diffusées dans les médias, les manifestants ne semblent être qu'une trentaine et montre leur calme alors que les munitions doivent être utilisées en cas de danger immédiat pour les forces de l'ordre. Par ailleurs, alors que le jeune homme blessé est évacué par des manifestants, les forces de l'ordre continuent de lancer des grenades lacrymogènes pour disperser le groupe.
D'après le témoignage d'un photojournaliste, également entendu mercredi par les enquêteurs de la police des polices, aucun projectile n'a été lancé en direction des policiers avant que ces derniers utilisent une grenade de désencerclement. Lui aussi assure que les protestataires réclamaient uniquement la libération du jeune homme interpellé et insiste: le brigadier-chef et ses hommes n'ont à aucun moment été poussé contre les grilles de la résidence. Un geste qui aurait pu justifier l'utilisation de la grenade.