Lutte antiterroriste: une cinquantaine de projets financés par le CNRS

Entrée du CNRS, photo prise le 7 décembre 2012. - Lionel Bonaventure - AFP
Faire émerger les idées des scientifiques pour aider la société à lutter contre la menace terroriste: tel était l'objectif du vaste appel à projets lancé par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) peu après les attentats qui ont endeuillé Paris et Saint-Denis le 13 novembre dernier (130 morts). Alain Fuchs, son président, avait alors invité les scientifiques à faire des propositions pour offrir "sinon des solutions, du moins de nouvelles voies d'analyse et d'action".
La date butoir était fixée à ce jeudi 3 mars et France Info rapporte qu'une cinquantaine de projets de recherche, parmi les quelque 200 propositions reçues, vont être financés par le CNRS après avoir été validés par un comité de pilotage composé de scientifiques.
Les sciences humaines et sociales mobilisées
Parmi les propositions retenues, en figure une "qui étudie les incitations à la haine sur Internet chez des jeunes et très jeunes, entre 11 et 18 ans", a détaillé auprès France Info Sandra Laugier, directrice adjointe de l'Institut des Sciences humaines et sociales du CNRS, qui a assuré le suivi de cette opération. "C’est un projet qui se fait en lien avec des établissements scolaires et qui veut comprendre les processus d’adhésion à des groupes extrémistes et les procédés de recrutement par les réseaux".
Un autre projet en sciences humaines et sociales vise à étudier les processus de radicalisation liés à l'islam salafiste au sein des structures de sport amateur. L'enquête de terrain se fera dans des "quartiers sensibles" en Alsace.
Un autre encore s'interroge sur la façon dont la France combat le terrorisme d'aujourd'hui. Il entend montrer que les instruments de politique publique sont "inadaptés aux menaces actuelles" et compte proposer des pistes, en s'appuyant notamment sur les réponses d'autres pays exposés.
Mais aussi des chimistes, physiciens, mathématiciens...
Du côté des chimistes, "un projet va étudier les possibilités de neutralisation d’armes chimiques sur site, avec un dispositif qui serait transportable et permettrait de traiter les armes chimiques sur le lieu de la menace au lieu de les transporter ailleurs", explique Sandra Laugier.
Une autre scientifique veut développer une sorte de "nez électronique" pour la capture d'odeurs corporelles ou l'analyse de résidus d'explosifs. En effet, chaque individu aurait une "empreinte olfactive" unique. Un détecteur de molécules pourrait permettre de détecter la "signature" d'un suspect sur le lieu d'un attentat.
Autre projet accepté: celui sur "la protection des cathédrales gothiques" face au risque d'éventuelles actions terroristes. Présenté par des chercheurs spécialisés en mécanique et en physique des matériaux, il vise à élaborer des solutions pour permettre à ces édifices de résister à de telles menaces.
Sociologie, mathématiques, chimie, physique... Au final, de nombreuses catégories de chercheurs sont mobilisées, et beaucoup de projets associent plusieurs domaines scientifiques.
Entre 2.000 et 30.000 euros par projet
"Un résultat extrêmement positif", estime Sandra Laugier. "Parmi tous projets", certains avaient "commencé à se mettre en place mais n’avaient pas réellement d’issue" faute de financements suffisants, et de "nouvelles idées" ont surgi, souligne-t-elle.
D'après l'organisme public de recherche, placé sous la tutelle du Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le budget total consacré à l'appel "attentats-recherche" dépassera les 600.000 euros. Avec pour chaque projet une enveloppe variant entre 2.000 et 30.000 euros.
Le CNRS doit maintenant organiser un grand-rendez le 18 novembre prochain pour présenter les premiers résultats de ces actions et réfléchir à la suite. Tous ceux qui ont répondu à l'appel sont invités à participer.