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Police-Justice

Lot: un agriculteur devant la justice pour avoir tué sa femme

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Pour les proches de la victime, qui mettent l’État en cause, des signes avant-coureur auraient pu permettre d’éviter un tel drame.

Le 3 janvier 2017, les gendarmes reçoivent un appel de Jean-Paul Gouzou, agriculteur à Gorses, près de Cahors (Lot). Au téléphone, le sexagénaire explique qu’il vient d’abattre sa femme, de vingt ans sa cadette. Il doit comparaître à partir de ce mercredi pendant trois jours devant la cour d’assises du Lot. Le jour du drame, cet éleveur à la retraite attend son épouse. Bien qu’ils soient en pleine instance de divorce, cette dernière continue de venir s’occuper quotidiennement des animaux de la ferme.

À peine dans son champs de vision, il l’abat de trois coups de son fusil de chasse. Jean-Paul Gouzou n’aurait pas supporté que Djénéba Bamia, avec qui il a trois enfants, projette de repartir au Mali, pays dont elle était originaire. Aux enquêteurs, il confie que le geste était prémédité.

"La seule solution"

Dans son témoignage, repris par France 3, Jean-Paul Gouzou explique: “vendredi matin, la décision était prise. J'ai commencé à préparer mes valises car j'ai bien compris les conséquences de l'acte que j'allais commettre”.

Pour lui, c’était “la seule solution” pour que son épouse et son nouveau compagnon ne partent pas avec ses enfants."Il s'est dit: 'Je ne peux faire que ça pour sauver mes enfants.' C'est bien évidemment quelque chose qui n'est pas acceptable mais pour lui, à ce moment-là, sa seule porte de sortie, c'était de sauver les enfants", indique son avocate à France Info.

Trois parties civiles constituées pour le procès

Mais pour les parties civiles, tout cela aurait pu être évité. Selon plusieurs témoignages, le couple se serait séparé en 2016 sur fond de “violences psychologiques et de brimades”. En avril, une ordonnance de protection interdisait à l'accusé de détenir une arme et plusieurs plaintes croisées laissaient présager un conflit entre époux, notamment pour non-présentation d'enfants au conjoint.

L’enquête a aussi révélé que Djénéba Bamia, 37 ans, avait déjà porté plainte pour violences conjugales. Plusieurs mesures avaient été prises mais n’ont jamais été appliquées. À plusieurs reprises, les proches de cette femme ont prévenu les autorités, qui n’ont pas donné suite.

Trois parties civiles seront représentées au procès, dont la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) ou l'Udaf (Union départementale des Associations familiales) pour les enfants du couple, la famille malienne de la victime, ainsi que son compagnon. Les parties civiles comptent aussi obtenir des explications des services du procureur de la République. Elle souhaitent en effet comprendre pourquoi il y a eu autant de dysfonctionnements dans un dossier où plusieurs signalements ont été faits aux autorités.

Valentine Arama