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Le général de Bavinchove: "je ne suis pas favorable" au retour d'un service militaire

Le général Olivier de Bavinchove sur le plateau de BFMTV-RMC, le 30 janvier 2015.

Le général Olivier de Bavinchove sur le plateau de BFMTV-RMC, le 30 janvier 2015. - BFMTV

Ancien chef d’état-major de la force internationale de l’Otan, le général Olivier de Bavinchove était l'invité de BFMTV-RMC, vendredi matin.

Il a participé à de nombreuses opérations françaises, notamment en Afghanistan, et a eu 150.000 hommes sous ordres. Le général Olivier de Bavinchove, ancien chef d'état-major de la force international de l'Otan, a fait un point sur la situation très particulière que connaît la France depuis plusieurs années maintenant, alors que l'armée française en engagée contre les islamistes au Mali et contre Daech en Irak. "La France fait la guerre au fanatisme et elle fait la guerre à l'ignorance, l'un se nourrissant de l'autre", a-t-il souligné vendredi matin sur BFMTV-RMC.

"Pas le rôle de l'armée" d'aller dans les quartiers

Une action menée essentiellement à l'étranger, mais que certains, comme Ségolène Royal, souhaiteraient voir aussi dans les quartiers français. Celle qui avait déjà proposé en 2007 un encadrement militaire pour les jeunes délinquants avait plaidé, en septembre 2013, pour envoyer l'armée dans certains quartiers sensibles de Marseille. Une option balayée par le général de Bavinchove. "Ce n'est pas son rôle. Nous avons la chance dans une République d'avoir des institutions et ces institutions sont solides", a-t-il estimé. Pourtant, le général de Bavinchove connaît bien les quartiers, pour s'y être impliqué. "Pendant un an, j'ai sillonné les quartiers, à Rouen, à Caen... Et j'ai rencontré une pépinière de talents à qui il faut tendre la main. J'y allais en uniforme. Il y avait parfois un peu de familiarité, le tutoiement était spontané, se souvient-il. En revanche, il y avait immédiatement une forme de proximité. On nous respectait et on nous respecte toujours car nous recrutions un certain nombres de jeune de ces quartiers. Et lorsqu'ils revenaient, ils montraient leur réussite, les diplômes qu'ils avaient passé..."

"Pas favorable" au retour d'un service militaire

Si le lien entre les jeunes et l'armée n'est donc pas rompu, que penser du retour au service national, prôné par l'exécutif et soutenu par l'opposition? "Le service militaire que nous avions connu était un symbole, très fort, une expérience extraordinaire, c'était aussi un melting pot. Il affirmait le fait que la France et les Français voulaient se défendre. Il portait aussi en lui cet espèce d'imaginaire sur une nation en armes. Mais cela me semble décalé par rapport à la menace (d'aujourd'hui). Nous avons besoin de quelque chose, qui est un service civique, de réserve citoyenne. Mais sous une forme militaire, je n'y suis pas favorable. Le service militaire, ce n'est pas ce qui est attendu. Ce que nous voulons, c'est l'appartenance aux mêmes valeurs. Nous avons besoin d'un service national, porté par la nation."

"On ne peut pas s'engager partout"

Pourtant, malgré cette école de l'assimilation qu'est l'armée, elle fait face à une inquiétude: plusieurs médias ont en effet affirmé que des militaires français auraient rejoint les jihadistes en Syrie et en Irak. "J'imagine qu'il y a toujours eu des enfants perdus", a-t-il répondu, expliquant la difficulté que pouvaient parfois rencontrer des soldats sur le terrain. Mais l'armée se veut vigilante sur la question. "On travaille avec l'encadrement de contact pour rassurer, pour écouter, éclairer et expliquer aux soldats sur le terrain qui risquent leur vie", a-t-il assuré.

Un travail éprouvant, mais précieux, et recherché. "On attend plus de la France et des Français que d'autres pays, c'est ainsi. Je l'ai connu en Afghanistan. J'ai senti dans mes interlocuteurs le regard qu'il portait sur la France, l'amitié pour notre pays, et l'espoir du savoir-faire français", explique-t-il, tout en reconnaissant qu'on "ne peut pas s'engager partout."

Sandrine Cochard