Le gang des « petites voleuses du métro » devant la justice

Le procès du réseau Hamidovic s'est ouvert lundi 25 mars devant la justice. Des dizaines de jeunes filles originaires de Bosnie-Herzégovine étaient forcées de voler 300 euros par jour dans le métro parisien. - -
Des dizaines de jeunes mineurs obligés de voler dans le métro parisien. Le procès du réseau Hamidovic, s’est ouvert ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Démantelé en novembre 2010 à l’issue de trois ans d’enquête, ce réseau contraignait des mineurs, essentiellement des filles originaires de Bosnie-Herzégovine, à commettre des vols à la tire, principalement dans le métro parisien.
22 prévenus faisant partie de ce « gang des petites voleuses du métro » - dont le chef supposé du clan, Fehim Hamidovic, 60 ans - sont poursuivis pour traite d'êtres humains, association de malfaiteurs et provocation de mineurs à commettre des délits. Fehim Hamidovic, qui nie toute implication, encourt 20 ans de prison. A l'époque, des dizaines de jeunes filles, toutes mineures, avaient été arrêtées dans le métro parisien. Elles prétendaient à chaque fois s'appeler « Hamidovic ».
300 euros de butin pour éviter les châtiments
Selon les enquêteurs, ce réseau d'une dimension sans précédent en France, était très structuré et s’est développé dans plusieurs pays européens (Belgique, Espagne Italie...). A sa tête, un couple de sexagénaire, Fehim et Beija Hamidovic, originaires de Bosnie-Herzégovine, dans l’ex-Yougoslavie. Basé en Italie, le couple menait grand train, entre propriétés de luxe et grosses cylindrées, alors qu'il ne déclarait aucun revenus. Si le couple est soupçonné de tirer les ficelles, ce sont en fait ses fils et belles-filles qui s’occupaient du « recrutement » et de la « formation » des jeunes adolescentes. Une fois formées, celles-ci étaient envoyées dans le métro parisien avec pour cible privilégiée les touristes. Si les pickpockets ne ramenaient pas chaque jour l’équivalent de 300 euros, elles subissaient alors différents châtiments : des coups, des brûlures de cigarettes et parfois même des viols. En 2009, la famille Hamidovic aurait engendré un chiffre d'affaire dépassant un million d'euros.
« Le phénomène n'a pas du tout été éradiqué »
Si la tête du réseau est aujourd’hui devant la justice, « le phénomène n'a pas du tout été éradiqué », selon Gérald Debisschop, major de police à la Brigade des Réseaux Ferrés de Paris, et membre du syndicat Alliance. « On retrouve ces jeunes filles encore partout dans Paris aujourd'hui. On a démantelé la tête du réseau mais elle a été remplacée. La plupart de ces jeunes prétendent toutes s'appeler "Hamidovic". Nous les connaissons, ce sont souvent les mêmes mineures que nous retrouvons sur les lignes 1 du métro, dans les stations Opéra et Chaussée d'Antin. On sait précisément où elles se trouvent. Toute la police parisienne le sait. Nous connaissons bien le problème et le fléau ».
« Il faudrait que les voyageurs s'y mettent aussi »
Le problème justement, c’est que la police est démunie face à cette délinquance. « Leur défense, c'est d'être mineures, explique Gérald Debisschop. Tout est envisagé de leur côté pour s'échapper rapidement des griffes de la police. Sachant que nous ne pouvons pas grand-chose contre les mineurs, ils utilisent parfaitement les failles du système ». Il préconise même une plus grande réactivité des usagers des transports : « Il faudrait que les voyageurs s'y mettent aussi. Ne serait-ce qu'élever la voix, cela pourrait suffire pour éviter certains vols. Ce ne sont que des enfants, il suffit parfois simplement de leur dire quelque chose pour les faire bouger ».