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Police-Justice

Le contrôleur des prisons veut plus d’intimité pour les détenus

Les armoires seraient contrôlées, mais pas par n'importe qui.

Les armoires seraient contrôlées, mais pas par n'importe qui. - -

Et si les prisonniers avaient un petit placard, fermé à clé, où ils pourraient conserver leurs lettres et leurs photos ? C’est l’idée du contrôleur des prisons, qui n’autoriserait que le chef de bâtiment à y avoir accès lors des fouilles. « Un effet d’annonce », craignent d’anciens prisonniers.

Les prisonniers ont-ils le droit à un minimum d’intimité ? Le contrôleur général des lieux de privation de liberté y voit une priorité. Dans un avis dévoilé jeudi, Jean-Marie Delarue préconise de mettre à disposition une armoire métallique pour chaque détenu dans les cellules, qu'ils pourraient eux-mêmes fermer à clé pour y déposer leurs effets personnels. Seraient concernés entre autres les lettres qu'ils échangent avec leur famille et les documents ayant trait à leur situation médicale ou financière, qui ne regardent pas les autres prisonniers.
Les fouilles seraient permises, pour vérifier qu'aucun élément illicite (drogue ou armes) ne se trouve dans les armoires, mais les documents trouvés dans ces armoires seraient examinés uniquement par des officiers ou des gradés spécialement désignés par le chef d'établissement, et la fouille se déroulerait en présence du détenu.

« La transparence absolue de la vie carcérale »

Jean-Marie Delarue est le contrôleur général des lieux de privation de liberté. « Ce que nous proposons, c’est d’installer une petite armoire dont le détenu à la clé, et il pourra y mettre ses petits papiers », explique-t-il. « Naturellement, il faut contrôler qu’il n’y a rien de dissimulé. On demande que ce soit le chef de bâtiment qui contrôle, et lui seul, pour que ce ne soit pas ouvert au premier venu. Ce que nous voulons, c’est qu’on passe de pas d’intimité du tout à quelques objets ou papiers pour lesquels il y aura une intimité. Donc il y aura un petit bout de votre intimité qui échappera à cette transparence absolue qu’est aujourd’hui la vie carcérale ».

« Aux surveillants d’être plus humains »

Cette promesse, Karim Mokhtari, 35 ans et ancien détenu incarcéré pendant 6 ans et demi, n’y croit pas. « Je me dis que ça pourrait être bien, mais je ne crois pas au respect du fait que ce soit fermé et accessible seulement par les détenus. Si le surveillant a envie de déchirer une photo ou prendre un courrier, il le fera. Est-ce qu’il y aura un listing qui pourra permettre au détenu de prouver qu’il y avait tel ou tel document dans son coffre ? Il faut voir les modalités ». La seule vraie réforme possible, selon lui, est humaine. « Moi je pense que c’est un effet d’annonce, je ne pense pas que ce sera comme ça qu’on pourra garantir le respect l’intimité des détenus. Maintenant, c’est aussi aux surveillants dans leurs pratiques de surveillance, de fouille, d’être un peu plus humains et de respecter les affaires des gens ».

Mathias Chaillot avec Ryad Couto