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Police-Justice

Le contrôleur des prisons dénonce des violences graves parmi des mineurs

Surveillants pénitentiaires à l'entrée de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault, le 15 mai 2013.

Surveillants pénitentiaires à l'entrée de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault, le 15 mai 2013. - -

Jean-Marie Delarue dresse un constat édifiant de la situation au quartier des mineurs de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault.

Après les Baumettes fin 2012, c'est au tour d'une prison de l'Hérault de susciter la révolte du contrôleur général des prisons. Jean-Marie Delarue a saisi en urgence les autorités pour les alerter sur la situation des mineurs de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault.

"Tels qu'ils ont pu être établis - c'est-à-dire vraisemblablement sous-estimés -, les constats de violence qui s'y déroulent sont graves", écrit-il. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, titre exact de Jean-Marie Delarue, a relevé pas moins de 24 cas de ces "violences graves" en moins de deux mois - soit entre le 1er janvier et le 11 février 2014.

"Rite de passage"

Le contrôleur général s'est rendu à Villeneuve-lès-Maguelonne à la mi-février, précise ce mercredi France Info. Le quartier des mineurs comptait alors vingt adolescents. Pour six d'entre eux, il s'agissait d'une première incarcération.

De ce lieu de détention, il dépeint des agressions qui s'apparentent à un "rite de passage". Plus d'un tiers des agressions commises le mois précédent - neuf - impliquent en effet "des enfants arrivés la veille ou l'avant-veille". Face à cela, il note un sentiment de "résignation". Le personnel pénitentiaire, souligne-t-il, "apparaît démuni", les "procédures d'intervention des surveillants" et les "procédures disciplinaires" sont "lourdes et lentes".

Mais le contrôleur général se heurte aussi à une certaine omerta. A une exception près, aucune plainte n'a été déposée. Et Jean-Marie Delarue note des "difficultés importantes" rencontrés par son service pour obtenir "les informations nécessaires à l'établissement des faits". Le personnel soignant "ne souhaite pas être lié à d'essentielles suites judiciaires". Et les enquêtes "se heurtent au silence des victimes et de leurs parents".

"Aucun effort entrepris" depuis 2009

En poste depuis 2008, Jean-Marie Delarue déplore qu'"aucun effort" n'ait "été entrepris" dans cette maison d'arrêt depuis ses observations de 2009 - celles-ci faisaient déjà état de "cours de promenade abandonnées aux détenus".

Dans ses recommandations, il réaffirme en conséquence la nécessité de "procédures d'intervention beaucoup plus promptes", d'"une éducation au respect mutuel" et d'une prise en charge des "enfants en souffrance".

Il évoque aussi l'établissement de "liens de confiance avec les familles", la "nécessité de placer les auteurs d'agressions devant leurs responsabilités", l'importance des signalements des médecins et des poursuites judiciaires. Ces recommandations seront néanmoins ses dernières: ce haut-fonctionnaire rend ses fonctions le 13 juin prochain.

Violence chez les mineurs en prison : extrait du JO publié par Fil_actu

M. T.