Le chat Neko écrasé par un TGV: le parquet requiert la relaxe de la SNCF

Acte volontaire ou involontaire? Tout le débat a porté sur cette question ce lundi devant le tribunal de police de Paris. La justice avait à se pencher sur l'affaire qui a suscité une vive émotion au sein de l'opinion publique après la mort d'un chat écrasé par un train de la SNCF en janvier dernier en gare de Montparnasse.
La compagnie ferroviaire est poursuivie pour "atteinte involontaire à la vie ou à l'intégrité d'un animal domestique". "Il ne peut pas s'agir d'un acte involontaire", pointent les associations de défense des animaux. "La SNCF décide, et quand elle décide de faire partir un train, c'est un acte volontaire."
"En l'occurrence, elle le commet en parfaite connaissance de cause. L'ensemble des collaborateurs de la SNCF savent qu'il y a un risque pour cet animal", poursuivent les avocats.
Volontaire ou involontaire?
Le 2 janvier dernier, Neko, avec un titre de transport en règle, avait échappé à l'attention de sa maîtresse qui s'apprêtait à quitter Paris pour Bordeaux avec sa fille de 15 ans. L'animal s'était réfugié sous le train à quelques minutes du départ. Malgré les demandes des propriétaires du chat pour retarder le départ, le train était parti en écrasant le félin qui, selon la compagnie ferroviaire, n'était "pas visible" jusqu'au départ du convoi.
Le début de l'audience a porté sur la compétence du tribunal de police saisi sur ce dossier. Du côté des propriétaires de Neko et des associations de défense des animaux, on estime que la SNCF devrait être renvoyée pour "sévices graves et actes de cruauté ayant entraîné la mort d'un animal". Un délit qui aurait dû être jugé devant un tribunal correctionnel.
Alors que des "gros" animaux sur une voie peuvent bloquer "pendant des heures" un convoi, "rien n'est fait pour les animaux domestiques", a déploré Me Xavier Bacquet, avocat de 30 millions d'amis. "On arrête un train pour un bagage abandonné mais pas pour un animal", a-t-il insisté.
"Surplus d'empathie"
L'avocat de la SNCF, Me Philippe Sarda, a dénoncé quant à lui "une instrumentalisation" de cette affaire par les associations. "Rien ne permet d'affirmer que le chat a été vu avant le départ du train", a-t-il dit. "Tout le monde reconnaît que celui qui a fait rouler le train ne savait pas" qu'un chat se trouvait sous son convoi, "c'est gênant pour un acte volontaire", a-t-il ironisé.
À la barre, un chef d'escale de la SNCF a expliqué qu'il "n'avait aucune possibilité de savoir si le chat était sous le train ou pas, il aurait pu partir ailleurs." "On a pris la décision de faire partir le train, on finit par apercevoir le chat qui courait sur les rails sous le train. (...) Après quelques minutes, la propriétaire du chat vient me voir et me dit que le chat est mort."
La propriétaire du chat avait dénoncé le "manque d'empathie" de la SNCF qui n'a jamais, selon elle, répondu à ses courriers. Il y a "une part de fatalité" dans la mort du chat Neko, a estimé le procureur, en soulignant qu'il n'y avait pas eu de "manque d'humanité" de la compagnie ferroviaire. "Peut-être aurait-il fallu un surplus d'humanité", a-t-il concédé. Le parquet a requis la relaxe. La décision sera rendue le 4 juillet.