La psychiatre condamnée pour son patient meurtrier jugée en appel

La psychiatre Danièle Canarelli, condamnée fin 2012 à un an de prison avec sursis. - -
C'était une première: fin 2012, le tribunal correctionnel de Marseille reconnaissait la responsabilité d'une psychiatre dans le meurtre d'un homme, Germain Trabuc, en n'évaluant pas la dangerosité de son meurtrier qu'elle avait pour patient. Condamnée pour homicide involontaire, elle avait fait appel. Son second procès s'ouvre ce lundi à 14 heures devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
Chef de service à l'hôpital Edouard-Toulouse de Marseille, elle avait pour patient Joël Gaillard, un homme de 43 ans atteint de schizophrénie paranoïde qu'elle suivait de longue date. A partir de 2000, l'homme avait été hospitalisé d'office après une série d'actes de violences, dont une tentative d'assassinat.
Le jugeant "ni délirant, ni confus", elle l'avait laissé sortir pour un essai en 2004. Un essai lourd de conséquences: quelques jours plus tard, Joël Gaillard abattait à coups de hache Germain Trabuc, le compagnon de sa grand-mère.
"L'utopie du risque zéro"
Au moment de son premier procès, en novembre 2012, l'Académie de médecine soulignait la difficulté d'évaluer la "dangerosité criminologique" d'un patient, et s'inquiétait de "l'utopie du risque zéro". A l'audience, le docteur Canarelli avait pour sa part reconnu avoir été confrontée à un "problème de diagnostic", mais avait nié toute négligence dans le suivi de son patient.
Mais les parties civiles et le procureur n'avaient eu de cesse, tout au long des débats, d'évoquer "l'aveuglement" d'une prévenue ne cessant d'aller à l'encontre des avis "uniformes" de neuf autres psychiatres. Ceux-ci préconisaient d'hospitaliser Joël Gaillard dans une structure plus contraignante. Le tribunal avait finalement condamné Dainelle Canarelli à un an de prison avec sursis.