Marseille : une psy jugée pour le crime d'un de ses patients

Mardi à Marseille, une psychiatre est jugée pour homicide involontaire, à la suite d'un assassinat commis par l'un de ses patients, schizophrène, lors d'une permission de sortie.

Un médecin peut-il être considéré responsable des actes de ses patients ? Pour la première fois en France, un tribunal devra répondre à cette question. Danièle Canarelli, chef de service à l'hôpital Edouard-Toulouse de Marseille, est jugée ce mardi pour "homicide involontaire". Et ce, parce qu'un de ses patients, Joël Gaillard, a commis un assassinat lors d'une permission de sortie.

Les faits remontent à 2004. Le Dr Canarelli connaît de longue date ce patient schizophrène. Cette fois, Joël Gaillard a été hospitalisé d'office après une série d'actes de violences, dont une tentative d'assassinat.

Le jugeant "ni délirant, ni confus", la psychiatre le laisse sortir pour un essai. Un essai lourd de conséquences... Quelques jours plus tard, Joël Gaillard abat à coups de hâche le compagnon de sa grand-mère, Germain Trabuc, 83 ans.

L'Etat et l'hôpital jugé responsable

En 2007, le tribunal administratif condamne l'Etat, reconnu "responsable sans faute", à verser 15.000 euros au fils de la victime. Puis, en appel, il enjoint au centre hospitalier de lui verser la même somme. Mais cette indemnisation laisse à Michel Trabuc un goût d'inachevé. "J'attends que toute la clarté soit faite sur le suivi médical de Joël Gaillard", indique t-il aujourd'hui, soupçonnant des "disfonctionnements".

Danièle Canarelli a-t-elle fait preuve de trop d'optimisme ? Dans un rapport publié lundi, l'Académie de médecine souligne la difficulté d'évaluer la "dangerosité criminologique" d'un patient, et s'inquiétait de "l'utopie du risque zéro". Et sur Internet, des psychiatres se sont mobilisés pour soutenir leur consoeur.