La pénalisation des clients de prostituées se concrétise

Depuis l'entrée en vigueur de la loi pénalisant les clients de prostituées, 804 d'entre eux ont été interpellés. (Photo d'illustration) - AFP
La loi renforçant la lutte contre la prostitution semble porter ses fruits. Entré en vigueur en avril 2016, le texte propose notamment la pénalisation des clients de prostituées. En un an, 804 personnes ont été interpellées, selon le collectif Abolition 2012, qui regroupe 62 associations de lutte contre la prostitution, révèle Le Parisien.
"Dans l'écrasante majorité des cas, les acheteurs de sexe ont reconnu les faits et payé une amende dans le cadre d'une composition pénale, précise un communiqué de l'association. (...) Les policiers et magistrats français n'ont rencontré aucune difficulté technique pour sanctionner l'achat d'actes sexuels".
Des amendes comprises entre 150 et 500 euros
Ces condamnations ont considérablement augmenté: jusqu'en septembre 2016, 250 clients avaient été interpellés. Le prix des amendes est compris, en moyenne, entre 150 et 500 euros, indique Le Parisien. Cependant, la loi prévoit une contravention de 1.500 euros, le montant de celle-ci pouvant atteindre 3.500 euros en cas de récidive. D'autre part, les prostituées ne sont plus arrêtées pour racolage, et bénéficient d'une aide et d'un accompagnement social si elles souhaitent mettre un terme leur activité. Les femmes étrangères peuvent aussi se voir octroyer d'un titre de séjour.
Abolition 2012 affirme aussi que, grâce à cette loi, les sanctions appliquées contre les auteurs de violences à l'encontre des prostituées sont plus sévères:
"La loi du 13 avril 2016 a créé une circonstance aggravante pour les violences physiques et sexuelles commises à l’encontre des personnes prostituées. Combinée à l’abrogation du délit de racolage, cette mesure rappelle aux services de police et aux magistrats que les personnes prostituées sont d’abord des victimes de violences et non des délinquantes".
Une loi au passif controversé
La France est ainsi le cinquième pays européen à pénaliser les clients de prostituées, après la Suède, pionnière dès 1999, la Norvège, l'Islande et le Royaume-Uni. Instaurée par le gouvernement actuel, le vote de la loi a été laborieux. Plusieurs associations se sont érigées contre, dénonçant, entre autres, la répression policière et la précarisation des conditions de travail des prostituées.
La classe politique s'était également divisée: le texte de loi avait été approuvé par 64 voix contre 12 et 11 abstentions. Si les députés PS et Front de gauche le soutenaient dans l'ensemble, une majorité des Républicains penchaient pour l'abstention, alors que l'UDI avait laissé la liberté de vote. Une majorité des radicaux de gauche et des écologistes y étaient défavorables.