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Police-Justice

"La jeune fille à la pièce", "la femme aux colliers": Interpol veut identifier sept femmes retrouvées mortes en France

L'élection du général émiratie Al-Raisi enverra "un signal aux autres régimes autoritaires", notamment qu'utiliser Interpol pour poursuivre des opposants à l'étranger "n'est pas un problème", selon un spécialiste américain des régimes autoritaires

L'élection du général émiratie Al-Raisi enverra "un signal aux autres régimes autoritaires", notamment qu'utiliser Interpol pour poursuivre des opposants à l'étranger "n'est pas un problème", selon un spécialiste américain des régimes autoritaires - Ozan KOSE © 2019 AFP

En menant cette opération, baptisée "Identify me", Interpol entend recueillir un maximum de témoignages, et donner, enfin, un nom et un prénom à "la jeune fille à la pièce de 10 pence", "la jeune femme retrouvée à Saint-Denis", ou bien "la femme enceinte aux colliers de grenat".

Elles ont toutes un même destin tragique, mais aucune identité. Interpol recherche des informations sur sept femmes retrouvées mortes en France ces dernières décennies. L'organisation internationale de police criminelle a lancé un nouvel appel à témoins afin d’identifier une quarantaine de femmes mortes "susceptibles d’avoir été victimes de crime" en Europe au cours des dernières années.

En menant cette opération, baptisée "Identify me", Interpol entend recueillir un maximum de témoignages, et donner, enfin, un nom et un prénom à "la jeune fille à la pièce de 10 pence", "la jeune femme retrouvée à Saint-Denis", ou bien "la femme enceinte aux colliers de grenat".

Derrière ces descriptifs se cachent une série d’informations précieuses, notamment des photos des bijoux et vêtements, nécessaires à l’identification des victimes. Des portraits-robots de ces femmes accompagnent par ailleurs ces fiches accessibles au public.

• "La jeune fille à la pièce de 10 pence"

Derrière "la jeune fille à la pièce de 10 pence" se cache une femme âgée, selon les estimations, de 16 à 23 ans. Son corps a été découvert le 25 novembre 1982, le long de la route D723 (anciennement route nationale RN23) au Cellier (Loire-Atlantique). C’est un chasseur qui a découvert la victime sur un terrain en friche. Son corps était "entièrement habillé et chaussé de chaussures rouges". Plusieurs objets ont été retrouvés sur son corps, notamment la fameuse pièce de 10 pence.

• La jeune femme retrouvée à Saint-Denis

Parfois, les objets manquent. La victime devient une "jeune femme retrouvée à Saint-Denis". Celle dont le corps a été découvert dans un sac sur un terrain vague de cette commune de Seine-Saint-Denis en juin 2001, n’a ni bijou ni tatouage. Son crâne et des os de sa jambe gauche ont été retrouvés dans un sac-poubelle.

L’âge de "la jeune femme retrouvée à Saint-Denis" est estimé à 20 ans. "Les données obtenues grâce au phénotypage génétique indiquent une ascendance africaine ou similaire", rapporte Interpol.

• La femme à la couronne dentaire Richmond

Il suffit d’un détail. En 2005, le corps mutilé d’une femme a été découvert en bordure de la départementale 44 en direction du col du Donon à Saint-Quirin (Moselle). Il était dissimulé dans un tonneau en plastique de récupération d’eau de pluie de marque Harcostar, "emballé dans des sacs-poubelles noirs ficelés à l’aide de cordelettes". Ce même tonneau avait été aperçu mi-octobre 2004 flottant dans la rivière Sarre rouge.

L’âge de la femme, vêtue d’un débardeur rose de la marque Baba Nuki Bnk et d’un soutien-gorge rouge de la marque Hechter Studio, est estimé entre 35 et 47 ans.

Selon Interpol, "la victime pourrait provenir d’Europe de l’Est, en particulier de la Russie, en raison de la forte présence de jeunes femmes russes dans le secteur à cette époque".

Mais l’étude de sa dentition a fait d’elle, la femme à la couronne dentaire. Les résultats ont montré que les soins dentaires reçus par la victime pouvaient avoir été réalisés en Allemagne en raison de son appareil: une couronne Richmond.

• La femme aux dents particulières

Elle était probablement âgée d’une vingtaine d’années, 25 ans selon les estimations fournies par Interpol. Le corps de cette jeune femme a été découvert par un chasseur dans le bois d’Alix à Lassy (Val-d’Oise) en janvier 1994. Lui a découvert le crâne de la victime. Les gendarmes tomberont sur "d’autres ossements en partie enterrés, avec les membres supérieurs et inférieurs entravés par des cordelettes".

La particularité de la dentition de la victime est, là aussi, mise en avant. Les deux incisives latérales supérieures manquent à "la femme aux dents particulières". "Ainsi, le sourire faisait apparaître les canines directement à côté des incisives centrales".

• La femme à la bague "Jean et Nelly"

Le 5 mars 2008, le corps d’une femme a été découvert au milieu de ronces et de buissons en contrebas d’une corniche à quelques mètres d’une route à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

À son doigt, plusieurs bagues, mais surtout cette alliance qui enlace son annulaire gauche. Un bijou en or avec des feuilles de laurier gravées sur la face externe et cette inscription gravée sur la face interne: "Jean et Nelly 25/06/1990".

Autre particularité: la prothèse de la victime. Cette prothèse de hanche gauche "est susceptible de faire partie d’un lot dont les différentes pièces avaient été livrées en Belgique, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie".

• La femme enceinte aux colliers de grenat

Elle aurait environ 35 ans. Elle a été découverte le 3 juillet 2001 par un promeneur en forêt de Mineure (Côte d’Or). La victime, entièrement habillée, était enfermée dans un sac fabriqué à partir de rideaux à motifs en cachemire.

La trentenaire a une double caractéristique. Elle était enceinte de sept à neuf mois, et elle portait deux colliers en grenat.

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• La femme aux papillons tatoués

Blouson noir, pull noir, pantalon noir stretch et bottines de la même couleur. Le 17 avril 2016, le corps d’une femme, dont l’âge est estimé à 30 ans, est découvert flottant dans la Seine. Cause présumée de sa mort: noyade. Et elle serait récente.

Derrière ses habits noirs se cachent de nombreux tatouages, "pour la plupart représentant des paillons". Un billet de 100 bolivars (monnaie du Venezuela) a été retrouvé dans la poche de la femme aux papillons tatoués. "On ignore qui elles sont, d’où elles sont originaires et pourquoi elles se trouvaient dans ces pays."

L’opération "Identify me" se déroule, en effet, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie et aux Pays-Bas. L’an dernier, la même opération avait permis de recueillir plus de 1.500 témoignages et d'identifier une victime. Rita Roberts, une citoyenne britannique, avait été identifiée grâce à un témoignage. Elle avait été formellement identifiée par sa famille grâce à son tatouage.

Charlotte Lesage