La famille d'Alexia Daval veut que Jonathann soit aussi jugé pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre"

Les proches d'Alexia Daval, le 5 novembre 2017 - SEBASTIEN BOZON / AFP
"Un scénario machiavélique." Dans son réquisitoire définitif rendu vendredi, et relayé ce lundi par Le Parisien, le procureur de la République de Vesoul indique que "l'intention mortifère" de Jonathann Daval à l'encontre de sa femme, Alexia Daval, ne fait aucun doute. Il veut donc le renvoyer devant une cour d'assises pour meurtre sur conjoint, mais renonce à le poursuivre pour "modification d'une scène de crime" et "atteinte à l'intégrité d'un cadavre", au grand dam de la famille de la victime.
Des aveux après 12 interrogatoires
Dans le document de 29 pages que Le Parisien a pu consulter, le ministère public est revenu sur les différentes versions avancées depuis 2 ans par Jonathann Daval. Du 28 octobre 2017, où il a d'abord tenté de faire croire à la disparition de sa femme lors d'un jogging aux abords de la Gray-la-Ville (Haute-Saône), à ses aveux, au bout de 12 interrogatoires, au cours desquels il a reconnu lui avoir asséné cinq à dix coups de poing", l'avoir étranglé "pendant quatre minutes" puis avoir brûlé partiellement son corps.
"Je l'ai étranglée, l'ai frappée pour qu'elle se taise", avait-il avoué, évoquant une compagne "violente en paroles et en actes" qui "l'humiliait" dans leur quotidien et leur intimité. Elle "me disait que je suis un bon à rien, que je n'étais pas un mec", a ajouté l'homme détenu à Dijon.
La légitime défense écartée
À l'origine de la dispute fatale, selon Jonathann Daval, "un rapport sexuel" réclamé par Alexia, qui prenait à cette époque un traitement de stimulation de la fertilité pour essayer d'avoir un enfant, mais qu'il avait refusé. "Une dispute de plus" pendant laquelle il aurait explosé comme "une cocotte-minute", avait-il expliqué au médecin lors de sa dernière expertise psychiatrique consultée par l'Agence France Presse.
Le procureur de Vesoul, Emmanuel Dupic, estime qu'à "aucun moment Jonathann Daval n'a cessé […], manifestant ainsi son intention de tuer. Il n'a en outre jamais appelé les secours." L'enquête écarte par ailleurs la thèse de la légitime défense, un temps avancée par la défense. En revanche, des doutes subsistent, selon le ministère public, sur le motif pour lequel il a partiellement brûlé le corps: "Sur ce point précis, le doute demeure quant aux intentions de Jonathann Daval", affirme le procureur. Il écarte par ailleurs la thèse de la préméditation, tout en reconnaissant "la parfaite organisation de la disparition du corps après l'homicide".
L'aspect "insupportable" de l'acte criminel
Il souhaite donc que Jonathann Daval soit jugé pour "homicide volontaire sur conjoint", mais ne le poursuit pas pour "modification d'une scène de crime" et "atteinte à l'intégrité d'un cadavre", ce qui suscite l'indignation de la famille de la victime. Ses proches ont fait par de leur "surprise" par la voie de leur avocat, dans un courrier transmis à la juge d'instruction. Il s'agit de "qualifications incontestables portant sur un élément fondamental du dossier", insiste dans sa lettre Me Portejoie d'après Le Parisien.
"Il est parfaitement anormal que la partie civile doive pallier les carences de l'accusation qui n'a pas tiré les conséquences des aveux de Jonathann Daval", regrette par ailleurs l'avocat des parties civiles.
Concrètement, l'ajout de ces deux charges ne changerait pas grand chose à l'avenir judiciaire de Jonathann Daval, qui encourt déjà la réclusion criminelle à perpétuité. Mais il s'agit toutefois de reconnaître l'un des "aspects insupportables de [son] acte criminel", ajoute Me Portejoie. De son côté, l'avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer a dénoncé auprès du Parisien la "surenchère" de la famille de la victime: "La famille dit vouloir la vérité, mais semble vouloir aujourd'hui incarner l'accusation".